“J’ai toujours été dans l’insubordination” : avant de quitter l’antenne, Jean Lebrun se confie à France Culture

July 03, 2023
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Il a débuté à France Culture en 1987 et a notamment produit “La marche de l’histoire” sur Inter jusqu’en 2020. À quelques jours de raccrocher le micro, Jean Lebrun se livre dans un entretien à la fois rétrospectif et instropectif dans “Le cours de l’histoire”.

Jean Lebrun, grande voix de Radio France, va se consacrer à ses projets de livres historiques. Photo Christophe Abramowitz / Radio France

Par Nina Malleret Partage

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«Quand vous voyez un paysage, Xavier Mauduit, vous êtes comme moi, n’est-ce pas : vous vous demandez ce qu’il s’est passé là il y a des siècles ? » À elle seule, cette question pourrait illustrer la mission que Jean Lebrun s’est donnée : « Toujours transmettre l’histoire. » Invité vendredi par son confrère dans Le cours de l’histoire sur France Culture, l’homme de radio a tendrement rembobiné sa carrière à l’antenne, qui s’arrête cette année. Le producteur (de La marche de l’histoire entre 2011 et 2020 sur Inter, notamment) a récemment annoncé mettre fin à sa chronique Le vif de l’histoire dans le 13/14 et raccrocher le micro à partir du 14 juillet.

Il remonte donc jusqu’aux prémices de sa passion, qui débute dès l’enfance à Épinay-sur-Seine, où ses parents sont employés à la mairie. « C’est sûrement venu de mon tempérament mélancolique et du goût de savoir ce qui s’était passé dans les lieux où on était », se souvient l’agrégé d’histoire de 73 ans. Avec émotion, il revient sur ses études à la Sorbonne, pendant Mai 68, où ses professeurs lui ont transmis « la vertu thérapeutique de l’histoire », à laquelle il croit toujours.

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Aujourd’hui, celui qui fut producteur de Culture matin, Pot-au-feu ou encore Travaux publics défend la nécessité de connaître le passé pour comprendre le présent – il perçoit dans les actuelles émeutes des échos à la Croisade des pastoureaux de 1251. Au long de cette petite heure sensible, que viennent habiller archives et témoignages, Jean Lebrun se révèle déterminé : « J’ai toujours été dans l’insubordination. C’est un tempérament que j’ai essayé de maintenir à la radio. Je crois qu’on y gagne son indépendance quand on est un polyèdre, un objet bizarre, pas symétrique, avec des faces qui ne correspondent pas. Je suis insubordonné, homosexuel, catholique, historien, provincial parisien… Tout ça, ça fait des angles coupants. » De ces longues années radiophoniques – il a débuté en 1987 à France Culture –, Jean Lebrun retient aussi « les bruits et les rires de la bande de Charline [Vanhoenacker] », dont le bureau jouxtait le sien à Inter, ou les concours de chaises roulantes de Marc Voinchet (ex-matinalier de Culture, et actuel directeur de France Musique). Comment l’intéressé envisage-t-il la suite hors de la Maison ronde ? Il nous indiquait récemment travailler à quelques projets d’« ouvrages historiques, un peu autobiographiques aussi ». L’historienne Michelle Perrot disait de lui que l’histoire est « sa béquille pour marcher ». Il semblerait que son chemin ne s’arrête pas là : Jean Lebrun change simplement de route.

Source: Télérama.fr