Le programme du Sukhoi Su-57 tourne au flop historique pour la Russie !
Qu’il semble loin le temps où quand l’URSS sortait un nouveau chasseur comme le Mikoyan-Gurevitch MiG-23 Flogger ou plus tard le Sukhoi Su-27 Flanker les pays partenaires se ruaient pour l’acquérir. Aujourd’hui la Russie doit faire face aux réalités d’un marché désormais ultra compétitif où en plus d’affronter des productions américaines et européennes de grande qualité ses avions doivent aussi s’affranchir de la concurrence chinoise. Celui qui en fait de plus en plus les frais est le Sukhoi Su-57 Felon annoncé furtif pour lequel les marchés d’export sont actuellement tout simplement inexistants. Même les clients habituels de Moscou comme l’Algérie ou la Syrie semblent bouder cet avion.
À peine l‘annulation du MAKS 2023 officialisée que les nuages commencent à s’amonceler au-dessus de Sukhoi et de son chasseur annoncé de 5e génération. Il faut dire que le Su-57 Felon accumule à force plus de retards de développement et d’entrée en service que ses deux principaux concurrents réunis : le Dassault Aviation Rafale F4 français et le Lockheed-Martin F-35A Lightning II américain. Car ce sont bien ces deux avions top niveau qui aujourd’hui filent des cauchemars aux décideurs d’UAC, la maison mère de Sukhoi.
Bien sûr il n’est pas question que l’Algérie, la Syrie, ou encore le Venezuela passent commandes de l’avion français ou de son concurrent américain. Pour autant Dassault Aviation est en passe de rafler un contrat sur lequel Sukhoi comptait pour lancer la carrière internationale de son Su-57 : l’Irak. Bagdad ne cache plus du tout ses ambitions d’acquérir le Rafale F4, sans doute même cette année ou au début de l’année prochaine. Surtout l’avion tricolore permettrait aux Irakiens de demeurer dans les bonnes grâces américaines, ce qui ne serait pas le cas si le Su-57 Felon était sélectionné. Dans le même temps le Rafale est combat proven alors que le chasseur russe prétendument furtif n’est même pas encore en service actif. Ses aventures au-dessus de la Syrie ou plus récemment en Ukraine l’ont bien plus discrédité que réellement servi. Il s’agissait à chaque fois d’appareils de présérie.
Outre l’Irak Sukhoi a longtemps cru aux chances du Su-57 Felon aux Émirats Arabes Unis avant que là encore Dassault Aviation ne vienne jouer les trouble-fêtes et remporte le marché haut la main. Il y aura quatre-vingt Rafale F4 qui y voleront et zéro Su-57 !
Pourtant si on en croit les propagandistes russes le Sukhoi Su-57 Felon est le meilleur avion de combat au monde. Tellement bon qu’en juillet 2023 seuls douze exemplaires de présérie sont en service au sein du fameux 23e Régiment d’Aviation de la Garde, en charge notamment de la défense aérienne de Moscou. Les premiers avions opérationnels ne devraient pas arriver en unité avant au plus tôt Noël 2023. Il faut être encore un peu patient.
Donc le Rafale F4 est un concurrent sérieux pour le Su-57 Felon. Tellement même qu’il lui a chipé deux clients qui aurait pu lui ouvrir les portes du Moyen-Orient et à terme du monde entier. Sauf que son autre poil à gratter s’appelle le Lockheed-Martin F-35A Lightning II. L’avion américain que la propagande russe dépeint, parfois à raison et souvent à tort, comme un fer à repasser se vend pourtant bien mieux que le chasseur de Sukhoi. En fait à la différence de ce dernier il se vend. Ce qui du coup fait par effet de ricochet qu’il se vend bien mieux que lui. CQFD.
Et de plus en plus de pays jadis placés sous le joug de Moscou, comme la Pologne ou la République Tchèque, choisissent cet avion américain. Ce qui doit avoir là encore le mérite d’irriter dans les coursives du Kremlin montrant un peu plus la perte totale d’influence de la Russie et de son industrie aéronautique en Europe.
La loi fédérale américaine dite CAATSA qui prévoit des sanctions pour les pays achetant des matériels de défense chinois ou russes ne peut pas tout expliquer quand aux échecs commerciaux du Su-57 Felon. D’ailleurs des pays comme l’Algérie, la Syrie, ou encore le Venezuela ne les ont jamais craintes. Alors pourquoi ces trois clients ultra fidèles n’achètent t-ils toujours pas cet avion annoncé furtif ? Dans le cas de la Syrie la raison semble bien plus économique qu’autre chose, le Su-57 Felon étant actuellement le plus onéreux des avions de combat made-in Russia. Et les finances de Damas ne sont plus dans le rouge mais dans le noir !
Pour ce qui est de l’Algérie et du Venezuela il semble bien que ce soit la désillusion devant un avion qui n’a jamais réussi à faire ses preuves. Ces deux pays préfèrent d’ailleurs le Sukhoi Su-30 Flanker-C plus ancien et plus rustique mais bien plus adaptés à leurs besoins que ce Su-57 Felon. Et ils ont raison car c’est toujours une excellente plateforme multi-rôle. Les pilotes algériens notamment savent tirer le meilleur du Su-30.
On a aussi un temps parlé de la Turquie, par ailleurs membre fondateur de l’OTAN. Son exclusion par Donald Trump du programme JSF, confirmée par Joe Biden, fit d’elle une cliente privilégiée par Moscou et UAC. Sauf qu’à Ankara Reccep Tayip Erdogan a choisi de décliner l’offre préférant se focaliser sur son programme indigène TAI TF-X. En parallèle les autorités turques négocient la modernisation de leurs General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon.
Erdogan n’a aucun intérêt à froisser un peu plus l’alliance Atlantique et le recours à ce Su-57 Felon causerait du tort au TF-X.
Surtout depuis quelques mois maintenant l’avionneur russe doit compter avec une concurrence surprenante : Chengdu et Shenyang. Les avionneurs chinois sont devenus hyper compétitifs, et eux font voler de manière opérationnelle un chasseur de 5e génération : le J-20 Firefang. Leur J-35 de son côté est en phase finale de développement international. Un appareil qui pourrait bien intéresser tôt ou tard les habituels clients de la Russie qui ne craignent pas les répercussions et sanctions américaines.
Vous l’aurez sans doute compris les clients potentiels du Sukhoi Su-57 Felon se réduisent désormais comme peau de chagrin. D’autant que la réalité opérationnelle de l’avion en Russie est toujours source de beaucoup de questionnements.
Affaire donc à suivre.
Photo © agence Tass.
Source: Avionslegendaires.net