La Marine nationale affine ses tactiques de lutte contre les drones aériens et navals
Durant le conflit yéménite, les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, eurent recours à des embarcations chargées d’explosifs qu’ils dirigeaient à distance contre les navires de la coalition menée par Riyad. Une frégate saoudienne en fit d’ailleurs les frais, en janvier 2017. Ce mode opératoire a depuis été repris par les forces ukrainiennes, plusieurs attaques ayant été tentées contre des bâtiments russes déployés en mer Noire.
Par ailleurs, les mini-drones aériens constituent aussi une menace dans la mesure où ils peuvent perturber et/ou espionner une force navale, voire l’attaquer s’ils emportent une charge militaire.
D’où la recherche de parades et l’élaboration de tactiques pour écarter de tels dangers. Et la Marine nationale s’y emploie évidemment. Ainsi, en 2020, via son Centre d’expertise des programmes navals [CEPN], elle avait évalué des technologies censées permettre neutraliser des mini-drones aériens.
Ainsi, dans la rade de Toulon, le Chaland multi-missions [CNM] Grillon dut faire face, pendant plusieurs heures, à des « raids répétés de micro drones » qui étaient en réalité des « plastrons représentatifs des menaces asymétriques émergentes auxquelles les bâtiments de la Marine peuvent être confrontés aux approches des côtes ». Et si tous les appareils furent détectés, seulement 50% purent être « neutralisés ».
Pour parer la menace d’un drone, on peut envisager de brouiller les radio-fréquences et les moyens de navigation par satellite. Mais cette méthode a ses limites : les appareils autonomes n’y seront pas sensibles et elle est susceptible d’affecter le bon fonctionnement des systèmes utilisés à bord d’un navire. Cela étant, l’usage de « moyens cinétiques » reste encore le plus efficace. En tout cas, c’est ce que suggère le « LADA Day », dont la première édition a été organisée par la division « entraînement » de la Force d’action navale, le 27 juin dernier, au large de Brest.
« La capacité des unités […] à se défendre face aux drones constitue un enjeu majeur devant la réalité que représente d’ores et déjà cette menace », a souligné la Marine nationale, qui n’a pas précisé la signification du « A » dans le sigle LADA. Lutte anti-drones autonomes? Lutte anti-drones asymétriques?
Quoi qu’il en soit, cet entraînement a mobilisé le frégate multimissions [FREMM] Bretagne, le Patrouilleur de haute-mer [PHM] Enseigne de vaisseau Jacoubet, le Bataillon de fusilirers marins [BFM] Amyot d’Inville… et des Rafale M des Flotilles 11F et 12F.
« En permettant aux fusiliers marins de tester leur matériel de brouillage et de neutralisation en haute mer, à des équipages de bâtiments de surface de se confronter aux différents types de drones aériens et de surface, et en offrant à des pilotes de Rafale Marine l’opportunité de traiter un drone de surface à vitesse élevée, cette journée a rempli l’ensemble de ses objectifs », a expliqué la Marine nationale.
Ainsi, la frégate Bretagne a fait parler sa tourelle de 76 mm ainsi que son canon téléopérée de 20 mm et une mitrailleuse de 12,7 mm pour contrer des drones aériens volant à des vitesses comprises entre 180 et 300 km/h. Puis, des micro-drones ont décollé depuis sa plateforme aéronautique afin de tester les capacités de brouillage du fusil BADA [brouilleur anti-drone autonome] et les munitions ALDA des fusils à pompe des fusiliers marins. Ceux-ci ont même eu recours à leurs fusils d’assaut HK-416 et FAMAS.
« Ces équipements, mis en œuvre par les fusiliers du BFM Amyot d’Inville sont davantage prévus pour une utilisation depuis la terre. Leur usage en haute-mer s’est avéré riche d’enseignements », a précisé la Marine.
Pour contrer les drones aériens et navals, celle-ci disposera, dans un avenir proche, de l’arme laser Helma-P, qui a d’ailleurs récemment fait l’objet d’un essai réussi depuis la Frégate de défense aérienne [FDA] Forbin. Ou encore du canon de 40 mm RAPIDFire, qui armera les Bâtiments ravitailleurs de forces [BRF]. Mais en attendant, elle doit faire avec les moyens du bord.
Source: Zone Militaire