"On est mort!": les commerçants alimentaires de Cagnes-sur-Mer réagissent (très mal) à l’arrivée de Grand Frais à Polygone Riviera
L’arrivée de Grand Frais à Polygone fait parler. Lors du dernier conseil municipal de Cagnes-sur-Mer, il a été confirmé que l’enseigne alimentaire française s’installerait prochainement dans le centre commercial à ciel ouvert. Qu’en pensent les commerçants du centre-ville? On leur a posé la question.
"Nous n’avons pas la même clientèle"
"Nous n’avons pas la même clientèle que Grand Frais ici", atteste Michel Baussy, boucher de la cité marchande. "Je ne pense pas que l’enseigne puisse nous causer du tort à terme. Peut-être le premier mois, car certains vont y aller par curiosité. Mais nos clients, des retraités pour la plupart, viennent à pied. Ils ne vont pas faire leurs courses à Polygone. Il n’y a pas de concurrence." Du côté de Biocoop, sur l’avenue Renoir, les gérants Yann et Émilie ne se sentent pas non plus menacés. "Nous sommes un commerce de centre-ville, d’hyper-proximité. Ce n’est pas la même zone de chalandise."
Dans son épicerie italienne, sur la placette de la cité marchande, Guy reste rassuré. "La Main gourmande [le nom de son épicerie], est ici depuis trente ans. On fonctionne avec nos habitués, donc même s’il est vrai que Grand Frais a de très bons produits, je ne pense pas que nous nous retrouverons impactés." Cathy, une cliente intriguée par la conversation, réagi: "Moi, je n’attends que ça, l’ouverture de Grand Frais. Mes amis aussi. C’est génial! J’avais mes habitudes au Leclerc de La Colle-sur-Loup mais c’est sûr que j’irai là-bas."
Et c’est précisément l’argument avancé en conseil municipal: la Ville souhaite concurrencer ce Leclerc, qui serait le plus rentable de France et qui attire beaucoup de Cagnois.
Alex Khalil, président de la Fédération des commerçants de Cagnes-sur-Mer souhaite voir Polygone comme "un partenaire économique" plutôt que comme un ennemi. D’autant plus que dans la nouvelle charte, il a été acté que le mastodonte continuerait de verser une somme annuelle pendant cinq ans à la Fédération des commerçants. "De toute façon, si Grand Frais ne va pas à Cagnes, il ira à Villeneuve-Loubet."
"On n’a plus qu’à changer de métier"
Dans la cité marchande, derrière son comptoir de la Boucherie Stéphane, Ingrid se montre plus inquiète. "On nous avait dit que finalement, Grand Frais ne se ferait pas. Et on était soulagé. Polygone a une force en plus: ils ont la gratuité du parking pendant 2h. Nos clients n’ont qu’une demi-heure pour venir nous voir, c’est trop court. Si on pouvait avoir plus de temps, ça nous sauverait." Est-ce que certains clients pourraient faire des infidélités à la cité marchande? "C’est sûr. J’en vois plein avec des sacs isothermes au nom de l’enseigne." Ingrid, comme d’autres commerçants, ignorait que la charte qui empêchait Polygone d’ouvrir un magasin alimentaire ne courait que pour cinq ans. Beaucoup se pensaient à l’abri. "Maintenant, c’est fini. On est mort!" Sophie Gioanni, primeur, ne mâche pas ses mots. "Ça fait 27 ans qu’on est ici et Grand Frais va signer notre fin. J’en ai discuté avec mon voisin qui vend aussi des fruits et légumes et il pense comme moi, on a plus qu’à changer de métier!" Selon elle, c’est le stationnement qui donne l’avantage à Polygone. "Nos clients se prennent des PV pour 5 minutes de retard. Rien qu’à cause de ça, on a perdu 50% de notre clientèle. 30 minutes, ce n’est pas assez pour faire ses courses. La mairie se dédouane en disant que c’est privé, mais c’est elle qui a vendu à un privé."
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Source: Nice matin