Guerre en Ukraine : Kiev dénonce un risque de sabotage de la centrale de Zaporijjia

July 05, 2023
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé mardi soir avoir mis en garde Emmanuel Macron contre les «provocations dangereuses» auxquelles la Russie se prépare, selon lui, dans la plus grande centrale nucléaire d'Europe.

Mardi 4 juillet dans l'après-midi, Valerii Shershen, l'un des porte-parole de l'armée ukrainienne, a annoncé des gains territoriaux de deux kilomètres sur le sud du front. À quelques dizaines de kilomètres de la zone concernée, se trouve la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe. Alors que l'armée ukrainienne progresse en direction du complexe atomique, les forces russes auraient ordonné l'évacuation du personnel civil et militaire de la centrale et auraient miné les bâtiments, selon les services de renseignements ukrainiens.

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L'Ukraine affirme que l'évacuation de la centrale par la Russie doit s'achever ce mercredi 5 juillet 2023. Les employés civils et les soldats russes encore présents sur place devraient rejoindre la Crimée. Moscou dément l'information et dénonce une tentative de «manipulation» ukrainienne. Il en est de même pour les accusations de sabotage des réacteurs. Là encore, l'Ukraine accuse la Russie, qui de son côté nie.

«Il existe une menace sérieuse parce que la Russie est techniquement prête à provoquer une explosion localisée dans la station, qui pourrait mener à une fuite radioactive», a prévenu le président ukrainien, samedi, lors d'une conférence de presse. Le président ukrainien a renouvelé sa mise en garde mardi soir, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue français. «J'ai averti Emmanuel Macron que les troupes d'occupation préparaient des provocations dangereuses à la centrale de Zaporijjia», a affirmé Volodymyr Zelensky dans un communiqué. «Nous sommes convenus de contrôler au maximum la situation, avec l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique)», a-t-il ajouté.

Zaporijjia, centrale nucléaire au cœur de la guerre

La peur renouvelée d'une catastrophe nucléaire n'inquiète pas seulement à Kiev. Dans la ville de Zaporijjia, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de la centrale, la population se prépare au pire : exercices d'évacuation, entraînement à l'utilisation de matériel antiradiation.

Les craintes d'un sabotage de la centrale sont d'autant plus vives depuis l'explosion du barrage de Kakhovka, le 6 juin dernier. Celle-ci avait un intérêt militaire évident pour la Russie. L'inondation a rendu impraticable les rives du Dniepr situées en aval, réduisant considérablement la zone de front à défendre pour les soldats russes. Les faits pointaient de toute évidence la responsabilité de Moscou dans ce qui a été qualifié de nouveau «crime de guerre» par Kiev: l'explosion a été interne à la structure, alors contrôlée par la Russie, une brigade russe était présente au moment de l'explosion et des conversations interceptées suggèrent la préméditation de la catastrophe.

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Ce désastre a démontré que l'armée russe n'hésite pas à provoquer une catastrophe écologique majeure lorsqu'un intérêt stratégique est en jeu. Au cœur d'un chantage nucléaire entre les deux camps depuis le début de la guerre, une explosion à la centrale de Zaporijjia - un scénario catastrophe, qui inquiète l'Europe tout entière - ne semble plus totalement impossible. En parallèle de ce danger de sabotage, la stabilité même de la centrale fait de nouveau peser une menace. Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a adressé une mise en garde, évoquant une situation «extrêmement fragile», alors que la seule ligne électrique de secours de la centrale a été rétablie le 3 juillet, puis déconnectée de nouveau le lendemain.

Source: Le Figaro