En Ukraine, les tensions montent autour de la centrale nucléaire de Zaporijia
Exercice d’évacuation de la population en cas de catastrophe nucléaire dans le quartier de Khortyski. A Zaporijia (Ukraine), le 29 juin 2023. GUILLAUME HERBAUT/AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »
L’Ukraine sonne l’alerte depuis deux semaines : la Russie aurait miné la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, et s’apprêterait à commettre une « provocation dans un avenir proche ». Selon l’armée ukrainienne, des « objets similaires à des engins explosifs ont été placés sur le toit extérieur des réacteurs 3 et 4. Leur détonation ne devrait pas endommager les générateurs, mais donner l’impression de bombardements depuis le côté ukrainien », a-t-elle affirmé, avertissant que Moscou « fera de la désinformation à ce sujet ».
Les accusations sont désormais réciproques. Mardi, la Russie a accusé à son tour Kiev de préparer une attaque sur ce site ultrasensible, occupé par les troupes russes depuis le 4 mars 2022. « Aujourd’hui, nous avons reçu une information que je suis autorisé à révéler, a déclaré un conseiller du géant russe du nucléaire Rosatom, Renat Karchaa. Le 5 juillet, durant la nuit, en pleine obscurité, l’armée ukrainienne va essayer d’attaquer la centrale nucléaire de Zaporijia. »
Rien de tel ne s’était finalement produit jeudi à l’aube, mais en Ukraine, cette accusation, considérée comme un subterfuge, fait craindre encore davantage un passage à l’acte de la Russie. Un autre élément fait monter leur inquiétude : selon Dmytro Orlov, le maire d’Enerhodar, où se situe la centrale, une partie des employés de Zaporijia collaborant avec les Russes et des membres du personnel de Rosatom auraient quitté la ville il y a quelques jours.
« Les radiations touchent tout le monde »
Mercredi, les autorités ukrainiennes ont appelé la communauté internationale à prendre des « mesures immédiates » pour prévenir une éventuelle catastrophe. « Il est de la responsabilité de chacun dans le monde de l’arrêter, personne ne peut rester à l’écart, car les radiations touchent tout le monde », a averti M. Zelensky.
Face à la montée des tensions, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a réclamé mercredi d’avoir accès à l’ensemble des bâtiments de la centrale pour pouvoir « confirmer l’absence de mines ou d’explosifs sur le site ». « Nos experts doivent pouvoir vérifier les faits sur le terrain » de manière « indépendante et objective », a déclaré le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi.
Ces dernières semaines, le personnel de l’AIEA, présent sur place, a inspecté différents endroits « sans observer jusqu’à présent de traces de mines ou d’explosifs ». Mais l’agence onusienne n’a pas pu accéder aux toits des locaux abritant les réacteurs 3 et 4 ou encore à certaines zones du système de refroidissement de la centrale.
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Source: Le Monde