Les deux effets de la hausse des taux des banques centrales
Eric Galiègue Valquant Expertyse Président
(Crédits photo : Federal Reserve BCE - )
Mots clés : BCE, FED, surréaction des banques centrales, hausse des taux, baisse des actifs des banques centrales, risque de baisse des cours.
Le premier risque du scénario de marché pour le second semestre 2023, est la surréaction de la politique monétaire des banques centrales. Depuis mars 2022 pour la Fed depuis juillet de la même année pour la BCE, la politique monétaire est restrictive, en raison de la résurgence de l'inflation, un phénomène inconnu depuis des décennies. Les responsables de ces instituts d'émission ont décidé de relever fortement leurs taux directeurs, et de réduire la taille de leurs bilans en vendant sur le marché les actifs financiers qu'ils ont acheté dans le cadre des opérations de « Quantitative Easing ». La lutte que les banques centrales mènent contre l'inflation est légitime.
On peut présenter la hausse des prix comme une nouvelle taxe qui frappe aveuglement la consommation de tous les ménages, et le revenu des rentiers. Les causes profondes de l'inflation sont réelles et non financières. A l'origine de la résurgence de l'inflation, dans la sphère réelle, il y a la désorganisation des chaines de production, les pénuries dues à la crise sanitaire, mais aussi une carence d'offre de travail qualifié, la décarbonation de la planète et la tendance à la réindustrialisation des pays développés. Dans la sphère financière, c'est la situation de surliquidité qui a permis de transformer ces dysfonctionnements de la sphère réelle en inflation. Et, au total, le phénomène de hausse des prix a été impressionnant…et justifie la hausse des taux des banques centrales.
Source : Factset et Valquant Expertyse
Le premier effet des politiques monétaires restrictives est perceptible dans la sphère réelle : c'est le « refroidissement » du moteur économique. Or, d'ores et déjà, la conjoncture économique de la zone € est à l'arrêt : restreindre encore plus la liquidité dans un tel contexte pourrait susciter une récession en 2024. C'est bien là le problème qui pourrait affecter le cours des actions en seconde partie de 2023 : Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a clairement indiqué que les taux seraient relevés en juillet, et probablement encore au cours d'autres réunions de politique monétaire en 2023. Pendant les deux cycles de hausse des taux depuis la création de l'€ (1999-200 et 2006-2007), la croissance économique était significativement positive. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Le risque de surréaction de la politique monétaire est élevé.
Source : Factset et Valquant Expertyse
Le second effet des politiques monétaires restrictives est perceptible dans la sphère financière. En effet, la monnaie créée en excès favorise directement la hausse du cours des actions, sans passer par la case « entreprise ». C'est en partie de cette manière que l'on a pu expliquer la forte hausse du cours des actions américaines depuis 2009, depuis le lancement par Ben Bernanke, la président de la Fed en 2008, des premières mesures de politique monétaires « non conventionnelles » Et sa destruction peut susciter la baisse des cours. Le graphique repris ci-dessous montre que la baisse des actifs détenus par les banques centrales (qui correspond à une destruction de monnaie), est maintenant significative, même si le stock demeure considérable …
Source : yardeni.com
Or, l'indice du total des actifs détenus par les banques centrales est corrélé avec le cours des actions, comme le montre le graphique ci-dessous.
Source : yardeni.com
La baisse des actifs détenus par les principales banques de la planète va continuer pendant le second semestre 2023. Cela induit un risque de baisse du cours des actions…
Source: Boursorama