Ce jour a été le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité

July 06, 2023
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Temps de lecture: 2 min — Repéré sur ScienceAlert

L'humanité est douée lorsqu'il s'agit, volontairement ou accidentellement, de s'entretuer. Pourtant, ni les armes de destruction massive, ni les pandémies, ni le dérèglement climatique n'ont réussi (pour l'instant) à être instantanément plus meurtriers que cette journée du milieu du XVIe siècle.

Le bilan de ce jour macabre résulte d'une catastrophe naturelle, nous apprend Sciences Alert . Le matin du 23 janvier 1556, un violent tremblement de terre secouait la province chinoise de Shaanxi, considérée à l'époque comme le «berceau de la civilisation chinoise». S'il n'a duré que quelques secondes, on estime que ce séisme a tué sur le coup quelque 100.000 personnes. Les glissements de terrain en cascade, les effondrements, les incendies, les famines qui s'en sont suivis auraient finalement conduit à un bilan mortuaire de 830.000 personnes.

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Une faille géologique et urbanistique

Certes, ce chiffre est loin d'égaler le nombre total de victimes de guerres mondiales (la Première Guerre mondiale a causé dix millions de morts), ou même de pandémies (jusqu'à 200 millions de morts pour la peste noire au XIVe siècle). Mais si l'on considère la dévastation d'une seule journée, le tremblement de terre de Shaanxi est encore considéré comme l'événement le plus meurtrier de l'histoire. À titre de comparaison, l'explosion de la première bombe atomique sur Hiroshima en août 1945 a entraîné la mort subite de 70.000 personnes.

Ce n'est pourtant pas le tremblement de terre le plus important de l'histoire: avec sa magnitude de 8 à 8,3, de nombreux autres séismes plus puissants ont été recensés avant et après lui. Cependant, en raison de la géologie et de l'urbanisme de la région à l'époque, il reste le plus meurtrier, ayant causé des destructions massives et disproportionnées dans les villes de Huaxian, Weinan et Huayin.

Ces villes se situaient en outre dans une région traversée de trois grandes failles sismiques: la faille de Huashan Nord, la faille de Piémont et la faille de Weihe. C'est cette dernière qui s'est révélée plus tard aux scientifiques comme la responsable du tremblement de terre. Or, l'épicentre de celui-ci se trouvait précisément dans la vallée de la rivière Wei, qui traverse le plateau de Loess, dans le centre-nord de la Chine.

À cela, il faut rajouter l'urbanisme de l'époque, consistant majoritairement en des «yaodongs», des grottes artificielles construites directement dans les falaises de loess. Lorsque le tremblement de terre s'est produit au petit matin, les yaodongs se sont effondrés, ensevelissant leurs occupants, et entraînant des glissements de terrain en chaîne sur tout le plateau. À Huaxian, tous les bâtiments se sont effondrés et environ 60% de la population à proximité de l'épicentre a été tuée.

Si le plateau est encore sujet à des glissements de terrain, la catastrophe Shaanxi a nourri la recherche sur les causes de ces tremblements de terre, et inspiré des moyens de prévention des dommages. Depuis, aux bâtiments en pierre, on préfère des matériaux plus souples et plus résistants, tels que le bambou et le bois. Les scientifiques restent alertes. «Nous devons prendre en compte le potentiel de failles actives et nous préparer à un autre grand tremblement de terre dans la région, puisque les failles sont actives aujourd'hui», concluent les chercheurs de l'université de Pékin.

Source: Slate.fr