Une maison japonaise à louer (gratuitement) en pleine nature
Au Japon, Airbnb offre la possibilité de dormir gratuitement dans une chaumière
Où que l’on aille dans le village nippon de Suganuma – un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco –, on est bercé par le son des flots de la rivière Sho. Si l’on devait donner une idée de la bande-son des lieux, on évoquerait le chant des oiseaux, le torrent, le crépitement de la bouilloire sur un poêle à charbon et le murmure de la pluie sur l’herbe – une composition harmonieuse qui ne peut que faire fantasmer les citadins. Loin des rues bondées et des lumières de Tokyo, Suganuma ne figure généralement pas sur l’itinéraire des touristes au pays du Soleil-Levant. C’est pourtant là qu’une famille implantée dans ce village depuis cinq générations a décidé d’ouvrir les portes de sa demeure, vieille de 170 ans, pour accueillir des hôtes du monde entier, mais seulement pour deux nuits, du 17 au 19 juillet.
Le village de Suganuma
Les maisons « Gassho » à Suganuma, au Japon.
Suganuma est le plus petit des deux villages de Gokoyama, dans la préfecture de Toyama. Le nom de Gokoyama signifie « les cinq montagnes » en japonais. Ville autrefois prospère, célèbre pour sa production de soie, de papier washi et de salpêtre (qui entrait autrefois dans la composition de la poudre à canon), Gokoyama se composait autrefois de plus de 1800 maisons traditionnelles de style Gassho. De ces corps de ferme à l’architecture unique, construits entre le XVIIe et le XXe siècle, seuls 180 sont encore debout aujourd’hui. Si on appelle ces maisons « Gassho », c’est parce que le terme désigne la posture des mains jointes dans un geste de prière, une description imagée du toit triangulaire de ces bâtisses. Le trait de caractère distinctif de ces maisons tient à leur épaisse toiture de chaume, confectionnée avec des herbes grasses poussant dans les montagnes environnantes.
Par une belle journée de juin, nous nous promenons dans le village voisin d’Ainokura avec notre guide Nariko. Après le brouhaha de la gare de Tokyo, d’où nous avons pris le Shinkansen pour nous rendre sur place, la vue paisible des montagnes verdoyantes offre un contraste saisissant. Tandis que nous passons devant des petites échoppes où l’on vend des souvenirs, nous repérons une maison de style Gassho en pleine réfection. La toiture en chaume doit être refaite tous les 25 ans, un pan après l’autre. Pour refaire le chaume d’un toit, il faut plusieurs milliers de bottes, et leur disposition nécessite pas moins de deux mois de travail, ainsi qu’un sacré budget (« Ça me suffirait pour acheter une petite maison », nous explique Nariko). Ces maisons de deux ou trois étages sont construites sans aucun clou. La solide charpente est ficelée à l’aide d’épais cordages, comme nous l’apprenons en empruntant l’échelle qui mène au grenier d’une maison. Le bois craque sous nos pas, mais la structure ne cède (heureusement) pas.
Vos hôtes, la famille Nakashima
À Suganuma, la famille Nakashima – installée sur place depuis cinq générations – a récemment refait la toiture de sa chaumière pour se préparer à accueillir des pensionnaires pendant deux nuits en juillet. Si vous parvenez à obtenir une réservation, vous serez accueillis sur place par Shinichi Nakashima, qui possède également le restaurant local Gorobei, où l’on sert des spécialités traditionnelles japonaises. Au sein de cette maison cohabitent quatre générations de cette famille, de sa mère âgée de 88 ans à son petit-fils qui vient d’entrer à l’école.
Votre séjour
Source: AD Magazine