Les parents fayots : " Il paraît que des maîtresses du 7e arrondissement ont reçu des iPhone dernier cri "

July 07, 2023
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DPA / PHOTONONSTOP

Début juillet, parmi les cent meilleures ventes de livres d’Amazon, on comptait plus d’une quinzaine d’idées de cadeau sur le thème « Merci maîtresse ». Les linéaires des magasins Truffaut, Monoprix ou Jeff de Bruges se chargent de mugs, bougies parfumées, chocolats, tote bags, tous imprimés de messages multicolores remerciant maîtresse (et maître parfois), Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) et nounou. Jusqu’aux coffrets cadeaux Wonderbox « L’école est finie », pour lesquels on peut dépenser jusqu’à 500 euros.

Les parents fayots ont toujours existé, documentés par René Goscinny dès 1961 dans Les Récrés du Petit Nicolas, au chapitre « La distribution des prix ». « Elle a eu quatorze stylos et huit poudriers, la maîtresse », y lit-on. « Elle était drôlement contente ; elle a dit qu’elle n’en avait jamais eu autant, même les autres années. » Plus de soixante ans après Le Petit Nicolas, l’industrie du cadeau de fin d’année a été perturbée sous l’effet conjoint des cagnottes en ligne (qui permettent de vérifier en un coup d’œil qui a donné et interdisent de se servir dans l’enveloppe) et des groupes WhatsApp de parents d’élèves (qui offrent aux parents lèche-bottes la possibilité de lancer le sujet dès le mois de mai).

En conséquence de quoi, si personne ne sait précisément à quoi ressemble le domicile d’une professeure des écoles, il se dit qu’on y trouve des vaisseliers entiers remplis de mugs « merci maîtresse », des bureaux couverts d’autres mugs « meilleure maîtresse » reconvertis en pots à crayons, rangés à côté d’agendas, de Bullet Journal et carnets « maîtresse formidable ». Pour les plus anciennes, il se peut que les tasses offertes en début de carrière servent encore de verre à dents dans la salle de bains ou de pots de fleurs dans le jardin.

A quoi on les reconnaît

Une fois qu’ils se sont mis d’accord sur le cadeau, les parents fayots lancent une nouvelle discussion sur la meilleure heure pour l’offrir. Ils choisissent des présents sur lesquels il est écrit « maîtresse » et jamais « professeure des écoles », pourtant l’appellation officielle. Ils pensent que, comme l’institutrice passe ses journées avec des enfants, elle préfère des bonbons ou des chocolats à de la bière ou du champagne.

Début juin, ils se disent que les enfants pourraient faire une grande réalisation collective (chanson, chorégraphie) pour accompagner le cadeau. Début juillet, ils se disent qu’on n’aura qu’à leur faire signer une carte. Quand la conversation consacrée au cadeau menace de s’éteindre sur le groupe WhatsApp, ils ont toujours une question à rajouter : « Et s’il pleut pour la remise du cadeau dans la cour ? »

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Source: Le Monde