En Hongrie, les enseignants protestent contre une "loi-vengeance"
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Le monde est à nous Isabelle Labeyrie et La rédaction internationale Du lundi au vendredi à 6h53 et 8h24, le samedi et le dimanche à 6h24, 7h54 et 9h54
Une réforme poussée par le gouvernement ultra-conservateur de Viktor Orbán remet en cause le statut des enseignants et entame leurs droits.
Est-ce un tour de vis contre la liberté pédagogique en Hongrie ? La loi votée mardi 4 juillet au parlement suscite la colère d'une partie des enseignants hongrois. Avec ce texte, les professeurs perdent leur statut de fonctionnaire. Ils sont désormais obligés d'accepter des mobilités géographiques et des heures supplémentaires.
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Moins autonomes dans leurs choix pédagogiques, ils subiront dorénavant une notation annuelle, dont dépendra en partie leur rémunération. Beaucoup d'enseignants y voient une vengeance du pouvoir. Depuis des mois, nombre d'entre eux dénoncent la politique éducative du gouvernement ultra-conservateur de Viktor Orbán.
Le droit de grève des professeurs en Hongrie avait déjà été drastiquement réduit l'an dernier. Des dizaines d'enseignants ont ensuite été licenciés, pour avoir protesté. Ils déplorent leurs conditions de travail : pénurie de personnel et salaires écrasés par l'inflation, +25% sur un an. Le salaire d'un professeur en Hongrie, c'est l'équivalent de 500 à 1 000 euros, à peine mieux qu'un caissier de supermarché. Après les protestations, cette loi résonne donc comme une mise au pas. D'ailleurs, c'est tout un symbole en Hongrie, le ministère chargé des questions éducatives n'est autre que le ministère de l'Intérieur.
Des contre-pouvoirs émoussés
Cette loi est aussi le symbole d'un règne politique sans partage. Viktor Orbán, le Premier ministre nationaliste, a triomphé aux élections l'an passé, même après plus de dix ans au pouvoir, même face à des adversaires qui s'étaient regroupés. Il a réussi à obtenir plus de la moitié des voix et deux tiers des sièges au Parlement. Autant dire que les contre-pouvoirs, qu'il combat sans relâche, sont largement émoussés.
Cette assise nationale lui permet aussi de porter ses combats à Bruxelles. Il s'oppose à toute répartition des demandeurs d'asile en Europe – un projet pourtant soutenu par une majorité des 27 Etats-membres. Il conteste aussi l'efficacité des sanctions européennes contre la Russie, qu'il a tout fait pour freiner à Bruxelles.
Un bras de fer avec l'Union européenne
Dans la classe européenne, le bulletin de notes de la Hongrie d'Orbán est d'ailleurs plus proche du bonnet d'âne que des félicitations. L'Union européenne lui reproche des manquements à l'État de droit : magistrats trop soumis aux pressions du pouvoir, lutte insuffisante contre la corruption. Mauvaise note et donc punition : près de 30 milliards d'euros de subventions européennes sont gelées par Bruxelles, en attendant les réformes. Même si une source au sein de la diplomatie française nous indique que Budapest a "fait des efforts" ces derniers mois.
Viktor Orbán n'a pas son pareil pour faire de Bruxelles son bouc émissaire Dans cette loi sur l'école, le Premier ministre a promis de fortes augmentations pour les enseignants, jusqu'à +75% sur la fiche de paie. À une condition, dit-il : c'est que l'Europe débloque les milliards à destination de la Hongrie. À défaut de satisfaire les profs de mathématiques, Viktor Orbán pourrait donner des leçons de calcul politique.
Source: franceinfo