Voici le trou le plus profond du monde : à quoi ressemble-t-il ?
Imaginez un trou qui descend à plus de 12 kilomètres sous la surface terrestre, soit près de 38 Tours Eiffel empilées. C’est le record détenu par le “puits de référence super profond expérimental de Kola” (aussi appelé SG-3) situé dans la région de Mourmansk en Russie.
Ce trou est le plus profond jamais creusé par l’homme et il a été le fruit d’un projet ambitieux lancé par l’Union soviétique en 1970. A l’origine, son but était d’atteindre les 15 km de profondeur et d’étudier la structure et la composition de la croûte terrestre, expliquent nos confrères de Ouest France.
Toutefois, le forage a été arrêté en 1992 après l’effondrement de l’URSS et le site a alors été laissé totalement à l’abandon. Finalement, le trou a été scellé en 2005 mettant fin à une aventure scientifique et technologique hors du commun.
Un défi lancé après la conquête spatiale
Pour la petite histoire, le projet SG-3 est né dans le contexte de la guerre froide qui opposait les États-Unis et l’URSS sur plusieurs fronts. Après avoir vu les Américains marcher sur la Lune en 1969, les Soviétiques ont voulu se différencier dans un autre domaine : celui du forage ultra-profond.
Ils n’étaient pas les premiers à tenter l’expérience. Les Américains avaient déjà creusé un trou de 3 653 mètres au large du Mexique dans le cadre du projet Mohole, entre 1961 et 1966. Mais les Soviétiques visaient plus haut, ou plutôt plus bas : ils se fixaient comme objectif d’atteindre les 15 km de profondeur pour un diamètre de seulement 23 cm.
Le 24 mai 1970, ils commencent à forer dans la péninsule de Kola, une région au nord-ouest de la Russie près de la frontière avec la Finlande et la Norvège. Le site a été choisi pour sa stabilité géologique et sa proximité avec des infrastructures industrielles.
Des découvertes scientifiques
Pendant plus de deux décennies, les scientifiques vont alors creuser sans relâche en utilisant des techniques innovantes. Ils vont battre plusieurs records de profondeur dont celui détenu par le trou Bertha Rogers qui a été foré pour chercher du pétrole dans l’Oklahoma (États-Unis) et qui atteignait les 9 583 mètres. Le record mondial est battu le 6 juin 1979 lorsque le forage russe dépasse enfin les 10 km.
Mais le projet SG-3 n’est pas qu’une compétition : c’est aussi une occasion unique d’explorer les entrailles de la Terre et d’en apprendre davantage sur sa structure, sa composition et aussi son histoire. Les scientifiques vont ainsi faire plusieurs découvertes surprenantes.
Ils vont notamment trouver des fossiles microscopiques de planctons unicellulaires, datant de plusieurs millions d’années, jusqu’à une profondeur de 6,7 km. Ces organismes ont été piégés dans les roches sédimentaires lors de leur formation.
Ils vont aussi trouver de l’eau provenant des minéraux de la croûte profonde qui n’a jamais pu remonter à la surface à cause d’une couche imperméable. Cette eau pourrait être très ancienne, et témoigner des conditions extrêmes qui régnaient sur Terre il y a quelques milliards d’années.
Des difficultés techniques insurmontables
Mais le forage n’est pas sans difficultés. Plus les scientifiques s’enfoncent dans le sol, plus ils rencontrent des problèmes techniques liés à la pression et à la température. En effet, la chaleur augmente avec la profondeur et atteint des niveaux supérieurs à ceux qu’ils avaient anticipés.
Alors qu’ils pensaient trouver des roches à environ 100 °C à 12 km de profondeur, ils se retrouvent face à des roches à 180 °C. Cela rend le forage très difficile et cela provoque des accidents, des ruptures et des pertes d’équipement.
Autre exemple en 1984, après avoir atteint les 12 066 mètres, une section de 5 000 millimètres du train de tiges se tord et reste coincée dans le trou. Il faudra plusieurs mois pour la récupérer. Ce genre d’incident se répète plusieurs fois, ralentissant considérablement le forage.
En 1991, le projet reçoit le coup de grâce. L’URSS s’effondre et le centre de recherches commence à décliner. Le forage, alors profond de 12 262 mètres, est officiellement arrêté en 1992. L’objectif des 15 km n’a jamais été atteint. Depuis, les travaux n’ont jamais repris et le site est tombé en désuetude. Le trou a été finalement scellé en 2005 avec un bouchon en métal soudé (voir la photo d’illustration). Il ne reste plus qu’un petit orifice, presque invisible, qui marque l’entrée du trou le plus profond du monde.
Le projet SG-3 reste néanmoins une prouesse scientifique et technologique qui a permis d’acquérir des connaissances inédites sur la Terre et ses mystères. Il a ussi inspiré d’autres projets de forage profond comme le projet japonais Chikyu qui vise à atteindre le manteau terrestre à environ 30 km de profondeur.
Source: Presse-citron