L'entreprise était une perle du Cantal mais sa fin avait été difficile : un ex-Auvergnat de l'année condamné pour banqueroute

July 08, 2023
248 views

L’idée était révolutionnaire et il y avait là l’avenir de l’écoconstruction mondiale : ces briques en bois produites dans le Cantal et en Aveyron, remplies d’isolant, permettaient de construire rapidement des maisons. Elles pouvaient concurrencer le parpaing en béton, en étant plus légères, et plus isolantes, plus faciles à transporter…

Il y a l’éternité entre cette promesse faite par le fondateur de la société utilisant le concept, au début des années 2010 et sa présence en tant que chef d’entreprise devant le tribunal correctionnel d’Aurillac, en avril dernier.

L'Aurillacois Wood Way prêt à casser des briques

Cet ancien « Auvergnat de l’année » en 2011 aux multiples vies – dirigeant de sociétés donc, mais aussi directeur du Lioran dans les années 90, de Chamrousse, ingénieur et aujourd’hui patron de bar – a chuté. Lourdement.

Retour en 2016. Après plusieurs années, l’entreprise a construit plusieurs dizaines de maisons, avec un chiffre d’affaires qui dépasse le million certaines années.

Mais, elle bat de l’aile, déficitaire depuis deux ans. Il n’y a pas de trésorerie, et un couple de client en fait l’amère expérience. L’acompte de 23.000 € est versé mais rien n’arrive.

« La banque nous a coupé les vivres, se souvient l’entrepreneur. On a mis le chèque, mais on était à moins 50.000 €. On s’est retrouvé en cessation de paiements. » Autre dysfonctionnement : l’entreprise n’a pas la garantie décennale pour un chantier de cette surface…

Ce n’est qu’un aspect du dossier. La société qui emploie quinze salariés est en immense difficulté, une reprise par Matière se dessine tandis que le déficit galope encore. Dans le même temps, la rémunération du dirigeant augmente de 23 %, celle d’une proche, secrétaire de direction, propulsée directrice générale adjointe, de 57 %. Un autre salarié se voit augmenté de 435 € par mois.

Cantal : l’entreprise Wood Way, spécialisée dans l’éco-construction, reprise par le groupe Matière

« Il dévitalise sa société, et il s’augmente avant qu’elle ne passe l’arme à gauche », résume le procureur Paolo Giambiasi. Le dirigeant s’en défend. Si la secrétaire de direction connaît une ascension fulgurante, c’est qu’elle travaillait avec lui, et tenait un rôle de direction rempli par un homme absent, et sur le départ. « Je me suis retrouvé à faire avec les moyens du bord, explique-t-il. Il n’y avait qu’elle, et moi. »

Lui, il se versait un salaire inférieur à 2.000 € par mois, net, pour « 80 heures par semaine ». Il explique avoir fait un rattrapage. Son salaire augmentera beaucoup plus… après la reprise, quand il est mis à un poste qui convient mieux à ses compétences d’ingénieur : directeur technique. Pas longtemps. « Ils se sont vite débarrassés de moi. » Depuis, il est derrière son bar.

La procédure m’a traumatisé, détruit. Je suis assez légaliste.

Aujourd’hui, l’entreprise est en sommeil. Jean-Pierre Ladvie a été condamné à 6 mois de prison avec sursis, et une interdiction de gérer une société pendant 5 ans, avec exécution provisoire. Il devra rembourser près de 30.000 € au couple de client qui avait fourni un acompte.

Pierre Chambaud

Source: La Montagne