500 requins élevés en captivité seront bientôt relâchés dans la nature

July 08, 2023
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Dans le cadre d'un nouveau projet international réunissant des partenaires de 15 pays différents, 44 aquariums élèvent en captivité des requins zèbres en voie de disparition et visent à libérer 500 spécimens en Indonésie pour tenter de sauver de l'extinction une population sauvage de plus en plus rare.

C'est une première mondiale. Alors que les scientifiques réintroduisent souvent des animaux captifs rares sur terre – pensez aux condors de Californie ou aux pandas géants en Chine – rien de tel n'avait jamais été tenté avec des requins, qui disparaissent dans le monde à un rythme alarmant.

Dans un lagon turquoise des îles Raja Ampat, en Indonésie, Nesha Ichida tient délicatement un bébé requin entre ses mains. La petite créature semble tout droit sortie de l’imagination d’un enfant : fine, musclée, avec des taches sombres et un mélange de rayures et de ronds.

Comme tous les requins-zèbres, ce juvénile de 15 semaines s’est développé dans un œuf. Mais un œuf pondu dans un aquarium en Australie, puis expédié par avion en Indonésie, où il a éclos dans le bassin d’une nurserie pour requins. Ses parents avaient été recueillis il y a des années au large de la côte nord du Queensland, où les requins-zèbres sont communs. Or, ici, aux Raja Ampat, à environ 2 400 km au nord- ouest, ils ont quasi disparu, victimes du commerce mondial de requins. Entre 2001 et 2021, malgré plus de 15 000 heures de recherches, les chercheurs n’en ont trouvé que trois.

Ce requin est le fruit d’une grande idée, portée par les scientifiques de plusieurs dizaines d’aquariums parmi les plus connus du monde. Selon eux, élever en captivité des espèces menacées de requins et de raies et réintroduire leurs petits un peu partout sur la planète pourraient aider à restaurer les populations de prédateurs des océans – et peut-être la mer elle-même. Les requins-zèbres seraient les premiers sur la liste. Nesha Ichida, une biologiste marine indonésienne, est justement là pour remettre en liberté le premier individu.

Par une chaude journée de janvier, sous les imposantes formations calcaires des îles Wayag, j’observe la petite créature se débattre dans ses mains. Durant des mois, la chercheuse a préparé ce requin – qu’elle a surnommé Charlie – à une nouvelle vie. Il est temps maintenant de lui dire au revoir. Ses mains s’ouvrent, et Charlie s’éloigne, plongeant vers le fond sablonneux et un avenir insondable.

Source: National Geographic France