Pourquoi Marine Le Pen et Jordan Bardella ont choisi Le Havre pour leur traditionnel rassemblement du 1er Mai
Jeanne d’Arc a été brûlée vive à Rouen en 1412. Mais si le RN met le cap en Normandie ce lundi 1er mai, ce n’est absolument pas parce que le parti à la flamme veut rendre hommage à la Pucelle. Fini ce rituel, qui s’était étiolé depuis 2015 en un simple dépôt de gerbe devant une statue, place à la « Fête de la nation » au Havre, un évènement pensé par Jordan Bardella comme un des marqueurs de sa présidence. « C’est la première fois depuis 1981 que le FN ne rendra pas hommage à Jeanne d’Arc, note le politologue Jean-Yves Camus. Ça n’évoque rien aux électeurs et ça ringardise le parti. »
Au milieu d’un banquet militant où sont attendues près de 1 500 personnes - la scénographie se veut plus « moderne » -, Sébastien Chenu, Marine Le Pen et Jordan Bardella prendront successivement la parole. Objectif : renouer avec des festivités populaires, comme l’étaient les fêtes bleu-blanc-rouge (BBR) du temps de Jean-Marie Le Pen. Vidéos et orchestre de reprises devraient donc agrémenter cette journée.
Mais la politique n’est évidemment pas absente. Le Havre a été choisi pour sa sociologie populaire, à laquelle le RN se flatte de savoir s’adresser, mais aussi en un clin d’œil pour son maire Édouard Philippe, « l’homme de la retraite à 67 ans », comme le qualifient les huiles lepénistes. Dans une interview ce dimanche au quotidien Paris Normandie, Jordan Bardella a ainsi affiché son « ambition » de voir le RN ravir son fauteuil à l’ex-Premier ministre lors des prochaines municipales en 2026. « Mais bien sûr... », a répondu Édouard Philippe sur son compte Twitter.
« Les violences sont profitables (au RN), même si on ne les souhaite pas »
« Nous voulons affirmer que le RN est le premier bouclier social des Français », expliquait le président du RN en mars. « Marine Le Pen fera un discours de fond, Bardella un discours de mobilisation », glisse un cadre du parti, selon lequel la patronne parlera du « climat social ». Au « désordre » qu’incarnerait Emmanuel Macron en pleine crise de « casserolade », Marine Le Pen serait, elle, un pôle de « stabilité ». « Macron, c’est la déconstruction du modèle social, de la diplomatie, de la préfectorale… », liste-t-on.
Une rhétorique qui n’est pas sans rappeler celle de Marine Le Pen en ouverture de son - fameux - débat de 2017 quand elle assénait, déjà, qu’Emmanuel Macron était « le candidat de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous (…) ».
« Le gouvernement ne maîtrise plus rien en ce moment. Normalement, c’est le pouvoir qui incarne la revendication d’ordre. Mais le désordre, c’est Macron qui l’a créé. Donc il ne peut plus incarner l’ordre », estime un proche de Marine Le Pen, selon lequel « les violences sont profitables » au RN. « Même si on ne les souhaite pas », ajoute le même.
Source: Le Parisien