En Ouzbékistan, une présidentielle promise au sortant Mirzioïev, le scrutin reconnu valide

July 09, 2023
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Le dirigeant de l'Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev a voté dimanche lors de l'élection présidentielle anticipée, un scrutin qui selon toute vraisemblance lui permettra de garder le pouvoir dans le pays le plus peuplé d'Asie centrale.

Le scrutin a déjà été reconnu valide par la Commission électorale, avec plus de 52% des 19,2 millions d'électeurs ayant voté à 13H00 locales (08H00 GMT), à sept heures de la fermeture des 10.800 bureaux de vote dans cette ex-république soviétique.

Cette présidentielle a été convoquée par M. Mirzioïev dans la foulée du référendum constitutionnel du 30 avril, adopté par plus de 90% des électeurs de ce pays riche en gaz, à la position stratégique au coeur de l'Asie centrale.

Elu en 2016 dans un fauteuil puis aisément reconduit en 2021 sans réelle concurrence d'après les observateurs internationaux, cet ingénieur agronome de formation âgé de 65 ans se présente comme un réformateur à même de guider son pays sur la voie du développement et de l'ouverture.

Devant consacrer le projet de "Nouvel Ouzbékistan" plus juste, mantra du président affiché partout, le scrutin du 30 avril a également validé le passage du quinquennat au septennat et autorise Chavkat Mirzioïev à se représenter pour deux mandats supplémentaires.

Des mesures qui permettent au dirigeant de rester théoriquement au pouvoir jusqu'en 2037, après avoir été Premier ministre entre 2003 et 2016.

- "Lutte contre la corruption" -

L'issue du vote fait peu de doute : tous les Ouzbeks rencontrés par l'AFP ont assuré qu'ils donneraient leur voix au dirigeant sortant, qui fait face à trois candidats méconnus.

"J'espère que Chavkat Mirzioïev sera le futur président, pour qu'il accélère la lutte contre la corruption, qu'il remarque les problèmes que nous avons avec l'écologie", espère Nodira Khidoïatova, cheffe d'entreprise de 57 ans, rencontrée à la sortie d'un bureau de vote, où, comme partout, les isoloirs ne comportent pas de rideaux et les bulletins n'ont pas d'enveloppes.

Et pour les électeurs ne pouvant se déplacer, l'urne est apportée à domicile, a observé l'AFP, tandis que les médias étatiques montrent des images où des flots de personnes se déplacent dans les bureaux de vote, parfois en dansant et en chantant.

"Ce sont mes premières élections, je vais voter pour Chavkat Mirzioïev, car je veux qu'il y ait plus de perspectives pour la jeunesse et d'endroits pour étudier", espère Milana Iouldacheva, 18 ans, habitante de Krasnogorsk. Une demande qui fait écho à l'une des promesses du président sortant.

Quant à Rousibou Guibadoullina, vendeuse de rue, elle aimerait "demander au président candidat Mirzioïev que la jeune génération puisse se reposer dans des camps de vacances l'été, comme sous l'Union soviétique", dans cette ancienne cité minière où une fresque murale des années cinquante à la gloire de l'URSS est visible sur un immeuble de la place principale.

Car dans ce pays à majorité jeune avec une forte croissance démographique, les difficultés économiques persistent malgré les progrès, avec de nombreux Ouzbeks devant se rendre en Russie pour nourrir leurs familles.

Soudeur de 40 ans habitant Tachkent, Sounnat Touïtchiev attend du nouveau président qu'il règle les "problèmes de gaz", après un hiver marqué par des coupures à répétition et "améliorer la qualité des routes".

- Immense favori -

A l'international, l'objectif affiché de M. Mirzioïev est de poursuivre sa politique d'ouverture afin d'attirer des investissements étrangers, en rupture avec le quart de siècle d'isolement de l'Ouzbékistan sous Islam Karimov, dont il était le Premier ministre.

Mais en interne, le paysage politique n'a que peu évolué, avec seulement cinq partis autorisés, tous soutenant peu ou prou la politique présidentielle.

Et ce scrutin ne fait pas exception, avec un immense favori qui fait face à des concurrents quasi-inconnus, bien que les programmes et affiches, en ouzbek et en russe, soient répartis de façon équitable entre les candidats.

Une formule déjà éprouvée lors les scrutins dans les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale et pointé du doigt par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qualifiant la campagne de "discrète, reflétant l'absence d'opposition au président sortant".

Et des ONG ont critiqué la répression de rares manifestations contre un amendement constitutionnel en juillet 2022 dans le nord du pays, ayant fait 21 morts selon le bilan officiel.

Source: Actu Orange