Les débats du Tour de France : Vingegaard ou Pogacar, moment marquant et déception

July 10, 2023
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Pogacar ou Vingegaard : qui est le favori désormais ?

Jean-Baptiste Duluc

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Vingegaard dans Marie-Blanque, Pogacar dans Cauterets et au Puy de Dôme… Les deux hommes se rendent coup pour coup depuis le début de la Grande Boucle. Jamais le duel entre le Danois et le Slovène n’a semblé aussi disputé et serré qu’il ne l’est - jusqu’ici - cette année. Le coeur tend vers Tadej Pogacar mais la raison, elle, continue d’aller vers le leader de la Jumbo-Visma. Jonas Vingegaard le dit lui-même : "Il y a des étapes qui arrivent et qui me conviennent mieux".

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Nul doute que le Danois pense à celle de La Loze, avec cet enchainement de cols et une ascension longue et à plus de 2000m d'altitude où il est "censé" être un peu plus fort que le Slovène. Ça n’a pas empêché Pogacar de le suivre dans le Tourmalet et je doute qu’on assiste à une énorme démonstration de Vingegaard ce jour-là. Mais dans un Tour qui pourrait se jouer à quelques secondes, cette étape de Courchevel, ainsi que la supériorité manifeste des Jumbo-Visma sur UAE, me font pencher vers le Danois.

Laurent Vergne

Il y a dix jours, lorsque, dans le tout premier épisode des débats du Tour 2023, la même question s'était posée. J'avais répondu Jonas Vingegaard. Alors que nous voilà à la première journée de repos, je me vois mal changer d'avis, d'autant que le Danois vire en tête, maillot jaune sur les épaules. Pourtant, j'avoue avoir été tout près de le faire au regard de l'impression dégagée par les deux hommes lors des deux dernières étapes de montagne.

La réplique de Tadej Pogacar a été magistrale à Cauterets et au Puy de Dôme, et paradoxalement, il a plus souvent pris du temps à Vingegaard que le contraire depuis le Grand départ du Pays basque. Le tenant du titre n'a frappé qu'une fois jusqu'ici, mais il a fait du dégât. Et au-delà des impressions, c'est bien lui qui est en jaune alors que la mi-Tour approche.

Par ailleurs, je suis plutôt d'accord avec son analyse : oui, le parcours lui sera plus favorable dans la seconde moitié de la course. Haute altitude, longs cols qui s'enchaînent, etc. Je ne crois pas qu'il cède à une quelconque forme de méthode Coué en disant cela. Très franchement, ce duel peut basculer dans un sens ou dans l'autre et il n'y aura de toute façon pas de surprise tant que le vainqueur se nommera Vingegaard ou Pogacar ce qui, sauf double coup du sort, sera bien le cas dans deux semaines à Paris.

Quel a été le moment le plus marquant du Tour ?

Jean-Baptiste Duluc

J’aurais pu choisir la victoire de Victor Lafay à San Sebastian ou l’émotion de Mathieu van der Poel dimanche 10 juillet au départ, à Saint-Léonard-de-Noblat, mais je vais rester sur l’attaque de Tadej Pogacar vers Cauterets-Cambasque. Parce que c’est un moment clé dans l’histoire de cette 110e édition, déjà. La veille, Jonas Vingegaard venait - pensait-on - d’assommer le Tour de France en écrasant le Slovène et la concurrence. On craignait d’assister à un cavalier seul. Mais pas du tout.

Dans la montée vers Cauterets-Cambasque, Pogacar a réussi ce qu’il n’avait plus réussi en Grand Tour depuis l’étape de Tignes en 2021 : lâcher Vingegaard. Une attaque violente, spectaculaire, efficace qui a relancé le suspense du Tour. Mais cette 6e étape, c’est surtout cette image de Pogacar le visage marqué par la douleur, puisant au plus profond de lui-même, avec un mélange de hargne, de revanche et de fierté. Un souvenir indélébile et, déjà, une image forte de ce Tour 2023.

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Christophe Gaudot

Jean-Baptiste a choisi un moment positif, sans doute le plus beau, au moins le plus spectaculaire, de ce début de Tour de France. Je vais casser l'ambiance et retenir l'image de Mark Cavendish en larmes dans une ambulance, symbole de son abandon sur la 8e étape du Tour sur la route de Limoges. Le Britannique n'avait aucune chance de s'y imposer, mais il avait semé, la veille, une promesse. Non tenue finalement.

Le Tour, ce sont des montagnes russes. Il regorge d'histoires de rédemption et Mark Cavendish semblait capable d'écrire un nouveau chapitre de sa riche histoire. Vendredi à Bordeaux, il n'avait été battu que par l'imbattable Jasper Philipsen, laissant croire qu'il avait cette 35e victoire-record dans les jambes. On ne le saura jamais car le Man of Man a dû quitter le Tour la mort dans l'âme. J'avoue avoir ressenti une grande peine à le voir là étendu sur la route samedi.

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Laurent Vergne

Ce n'est pas que je n'ai rien à dire, mais je n'ai rien à dire de plus. Christophe et Jean-Baptiste ont choisi les deux images les plus fortes, pour des raisons très différentes (toute l'essence du vélo...) et je partage non seulement leur choix, mais aussi les raisons de ces choix. En conséquence, je n'ai donc rien à ajouter !

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Quelle est la plus grosse déception jusqu'ici ?

Jean-Baptiste Duluc

Bien que je sois agréablement surpris par le duo d’INEOS Grenadiers Thomas Pidcock - Carlos Rodriguez, les déceptions sont plus nombreuses et je préfère m’attarder sur celle qui, à mon sens, est la plus forte après neuf jours de course : Mikel Landa. Il faut dire que j’attendais beaucoup de l’Espagnol de la Bahrain-Victorious, qui semblait dans la forme de sa vie en début de saison et qui rêvait du podium. Il en est aujourd’hui très, très, loin.

Mikel Landa (Bahrain - Victorious) dans l'ascension du Puy de Dôme, sur le Tour 2023 Crédit: Getty Images

Le Basque avait pourtant débuté idéalement en étant avec les meilleurs sur "ses" routes à Bilbao et San Sebastian, mais il a vécu un enfer dans les Pyrénées (2'55'', puis 1'02'' perdues sur Hindley). Il a encore été à la ramasse au Puy de Dôme (1'50'' concédées sur Simon Yates). Landa nous a déjà habitué à des remontées grâce à des envolées en montagne mais, avec 6'29'' de retard sur Hindley, cela semble impossible cette fois. Ses espoirs de podium devront encore attendre une année supplémentaire, six ans après l’avoir laissé filer pour une seconde au profit de Romain Bardet.

Christophe Gaudot

Je veux parler de Julian Alaphilippe. Je sais que certains se demandent si les performances du double champion du monde français sont vraiment une déception sur ce Tour de France, eu égard à celles qui ont pu être les siennes depuis le début de saison. Je suis assez d'accord sur le constat, le niveau du coureur de la Soudal-Quick Step est en adéquation avec celui de sa saison globale. C'est précisément ça qui m'a déçu.

Alaphilippe, au premier plan, Van Aert, au centre - 6e étape du Tour de France 2023 Crédit: Getty Images

Vainqueur au Dauphiné, Alaphilippe sortait d'un stage en altitude et semblait avoir pu préparer ce Tour de France de la meilleure des manières. Je pensais donc qu'il pourrait monter en puissance et peser sur le premier weekend. Je ne dis pas que je l'imaginais en jaune, mais je le pensais capable d'être là, proche des meilleurs. Il n'a finalement jamais été de cette bataille. Ni au Pays basque, ni dans les Pyrénées, ni à Limoges. Est-ce à dire qu'il faut acter qu'Alaphilippe est définitivement rentré dans le rang ? Je ne m'y résous pas et crois encore qu'il peut remporter une étape sur ce Tour de France.

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Source: Eurosport FR