Ukraine: la stratégie du "casse-brique" réussira-t-elle?

July 10, 2023
168 views

Après plus d’un mois d’assauts dans plusieurs secteurs de l’immense front, l’armée ukrainienne n’est pas parvenue à percer les lignes de défense russes. Selon @Warmapper, les forces de Kiev n’ont repris que 200 km2, alors que les Russes en occupent plus de 100 000. Est-ce l’impasse, « sans vainqueur, ni vaincu » comme le dit le général Gomart, ancien chef du renseignement militaire ? Il est trop tôt pour l’affirmer.

Le colonel Michel Goya, historien militaire, rappelle que « le chef d’état-major des armées américain évoquait récemment les deux mois de combat acharné en 1944 qu’il a fallu mener en Normandie avant la percée d’Avranches. Il a cependant oublié de dire que, avant de percer, les Alliés avaient lancé à quatre reprises l’équivalent d’une arme nucléaire tactique sur les Allemands... » Or, les Ukrainiens ne disposent pas d’une puissance de feu comparable, faute de stocks et de capacités de production suffisantes en Occident. Selon le colonel Goya, le « rapport de feux » — le RAPFEU, comme disent les militaires — n’est donc pas assez favorable aux Ukrainiens pour changer la donne sur le terrain. C’est également l’avis de l'état-major ukrainien qui ne cesse de réclamer plus de moyens afin de pouvoir lancer sa véritable grande offensive.

A lire aussi:

Livraisons. L’annonce de la livraison par les Etats-Unis d’obus à sous-munitions, critiquée par les organisations humanitaires, renforcera les capacités de l’artillerie ukrainienne sur la ligne de front. C’est une arme terrible, une « pluie d’acier », qui permet de saturer un secteur, en visant à la fois les hommes et les matériels. Mais ce n’est pas une arme miracle, parce qu'à la guerre, il n’y a pas d’armes miracles. Ce qui fait la différence, c’est la bonne combinaison (la « cohérence ») de divers moyens pour autant qu’ils soient en nombre suffisant (la « masse »).

A quoi bon, alors, poursuivre les actions offensives, au prix de pertes élevées ? Guillaume Ancel, ancien lieutenant-colonel dans l’armée de terre, estime que « le front ressemble à une immense digue de plus de 1000 km de long sur environ 30 km de large, que les assauts répétés des Ukrainiens mènent progressivement au bord de l’implosion ».

A lire aussi:

De son côté, un autre observateur des opérations militaires, qui s’exprime sous le pseudonyme de Macette@escortet parle d’une tactique de « casse-brique » avec des tirs d’artillerie sur les arrières du front et des assauts répétés. C’est exactement ce que les Russes ont fait durant le premier semestre 2023, notamment dans le secteur de Bakhmut, sans parvenir ni à percer ni à affaiblir de manière déterminante les lignes de défense ukrainiennes.

Source: L'Opinion