Prix des carburants : les distributeurs accusés de marges excessives

July 11, 2023
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Les vacanciers en partance éprouveront peut-être un certain soulagement. Dans le sillage du baril de brent pour le pétrole brut, le prix des carburants à la pompe a baissé en France. Durant la première semaine de juillet, le litre de diesel était en moyenne à 1,67 euro, contre 1,91 en janvier. Celui du sans-plomb 95-E10 est repassé sous la barre de 1,80 euro, au lieu de 1,86 en début d’année.

A y regarder de plus près, il y aurait pourtant à redire, selon l’association de consommateurs Consommation logement et cadre de vie (CLCV). Son communiqué, mardi 11 juillet, dénonce des marges brutes de distribution toujours « explosives » et « exceptionnellement élevées ». Celles-ci correspondent à la différence entre, d’un côté, le prix hors taxe du carburant vendu aux automobilistes et, de l’autre, les cotations internationales des produits lorsqu’ils sortent des raffineries. Cette marge brute, qui revient aux distributeurs, leur sert à couvrir divers coûts (transport, stockage, manutention…). Une fois ces frais déduits, il leur reste la marge nette, c’est-à-dire le bénéfice.

Pour ses calculs, la CLCV a pris les relevés hebdomadaires de l’Union française des industries pétrolières (UFIP). Il en ressort que la marge brute mensuelle du mois de juin reste, peu ou prou, aussi élevée qu’en janvier : 25,4 centimes d’euro pour le sans-plomb 95-E5 et 23,4 centimes pour le diesel, contre 23,8 et 25,6 centimes auparavant. Soit bien davantage qu’entre 2018 et 2021, où elle était de l’ordre de 15 centimes.

Une accusation réfutée par les professionnels

Malgré ces marges brutes, les professionnels de la distribution de produits pétroliers réfutent l’accusation implicite d’avoir engrangé plus de bénéfices. « Il n’y a pas de suivi analytique des marges nettes de distribution, mais nous estimons qu’elles restent de l’ordre de un centime par litre », affirme Olivier Gantois, président de l’UFIP. Aucune donnée précise ne permet de l’étayer. Par le passé, l’inspection générale des finances avait mentionné des gains nets de 2 centimes tout au plus, mais sa note de synthèse date de 2012.

Sur les quelque 11 000 stations-service du pays, un peu moins de la moitié appartiennent à des supermarchés ou hypermarchés. Dans la distribution de carburant, la part de marché de ces grandes et moyennes surfaces (Intermarché, Système U, E.Leclerc…) dépasse pourtant celle des réseaux dits « traditionnels » (TotalEnergies, Esso, Shell, par exemple) : 60 % pour l’une, 40 % pour l’autre.

Chacun semble se défausser quelque peu. « Pour Système U, le carburant, ce n’est vraiment pas le rayon qui génère le plus de résultats, souligne Thierry Desouches, responsable des relations extérieures du groupe. Notre métier, c’est d’abord de vendre des produits alimentaires. » Le carburant sert surtout de produit d’appel, insiste-t-il : « La station-service est là pour attirer et fidéliser les consommateurs, particulièrement dans les zones rurales. »

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Source: Le Monde