L’industrie textile s’inquiète de la mise en place de l’affichage environnemental de vêtements

July 11, 2023
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Dans un magasin Kiabi, à Faches-Thumesnil (Nord), en septembre 2014. PHILIPPE HUGUEN / AFP

L’organza de soie moins durable que le polyester ? Un pull en laine de cachemire moins vertueux qu’un tee-shirt ? Fabricants et distributeurs d’habillement s’inquiètent de la mise en place de l’affichage environnemental de leurs vêtements au 1er janvier 2024. Bien que ce dispositif soit prévu depuis 2020 et rendu obligatoire par la loi Climat et résilience adoptée en 2021, le gouvernement travaille toujours sur les critères et leurs seuils pour évaluer l’incidence environnementale d’un vêtement.

La table ronde organisée autour de Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat à l’écologie, mardi 11 juillet, à Paris, l’a démontré. « Cela ne va pas être simple », reconnaît Guillaume Declair, cofondateur de la marque Loom et porte-parole du mouvement En mode climat, qui œuvre pour changer les lois, afin que la mode réduise ses émissions de CO 2 .

Le gouvernement entend inciter les consommateurs à porter leurs choix sur des vêtements « durables », puisque « l’industrie textile est l’un des secteurs qui a le plus d’impact », a rappelé Mme Couillard. « Tout l’enjeu est de créer une vraie note, de type ABCD, d’un vêtement et d’accorder au consommateur plus d’informations sur sa production pour un choix éclairé », explique Laure Betsch, cofondatrice de Fairly Made, calculateur de l’impact environnemental d’un produit.

« Combattre avec détermination le modèle de la fast-fashion »

Matignon a, pour l’heure, arrêté huit critères d’évaluation propres à définir un « éco-score » que les fabricants et distributeurs devront publier sur leur site : la consommation d’eau qu’a exigée la production d’un vêtement, sa durabilité physique, ses conditions de confection, l’utilisation de pesticides ou de produits chimiques lors de sa fabrication, le potentiel de rejet de microplastiques, la valorisation des matières recyclées ou celle de textiles reconditionnés et, enfin, l’impact de la « fast-fashion ».

Ce dernier critère a été adopté pour répondre à ceux qui s’inquiètent de la montée en puissance de Shein, le site chinois d’habillement, qui, en France comme ailleurs, déverse des millions de pièces fabriquées dans des matières synthétiques, à bas prix, en Chine, dans des conditions de travail sujettes à caution.

Selon Mme Couillard, « il faut combattre avec détermination ce modèle de la fast-fashion » parce qu’il « détruit la planète » et que « l’industrie textile pourrait ne pas s’en remettre ». Mais quels paramètres adopter pour calculer ce critère ? Faut-il calculer le nombre de références mises sur le marché et combattre ainsi les enseignes qui lancent trop de nouveautés et incitent trop à acheter ? Faut-il chiffrer le nombre de décotes de prix qui poussent à cette surconsommation ? Comment, aussi, intégrer les critères sociaux propres aux conditions de travail de ceux qui ont fabriqué un tee-shirt ou un pantalon ?

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Source: Le Monde