14-Juillet : "À cause de voyous, on ne peut plus célébrer la fête nationale", se désole le président de l'Association des maires de France
À deux jours du 14 juillet, le président de l'Association des maires de France et maire LR de Cannes dénonce sur France Inter "l'effondrement de l'État régalien".
"À cause de voyous on ne peut plus célébrer la fête nationale et c'est bien plus grave qu'on ne le pense" se désole mercredi 12 juillet sur France Inter David Lisnard, président de l’Association de maires de France, alors que plusieurs communes ont décidé d'annuler leur feu d'artifice les 13 ou 14 juillet en raison des émeutes survenues après la mort de Nahel.
David Lisnard assure comprendre les élus "qui prennent cette décision", les décrivant comme faisant "face à des situations inextricables en termes d'ordre public". Mais le maire Les Républicains de Cannes y voit là "un signe de plus d'un malaise très profond dans la société française". Il considère même que "l'ordre public [étant] une compétence régalienne, c'est un signe de plus de l'effondrement de l'état régalien".
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Le président de l'AMF revient plus globalement sur les violences urbaines survenues dans de nombreuses villes au début du mois après la mort de Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin. David Lisnard craint un retour et une intensification de ces violences. "Si on s'attaque à l'un des fléaux de la société, le deal (...) on verra que ces émeutes urbaines seront beaucoup plus violentes", lance-t-il, tout en assurant ne pas vouloir "jouer les cassandres".
L'élu Les Républicains affirme que si le retour à l'ordre s'est fait au bout de quelques jours, c'est certes grâce au travail des forces de l'ordre mais aussi parce que "les dealers tiennent les secteurs et à un moment quand ils ont fini de dégrader les caméras de vidéosurveillance qui les gênent dans leur trafic, il faut que l'ordre revienne".
Les violences contre les élus font partie du "lot quotidien"
Lors de ces violences urbaines, plusieurs élus ont été pris pour cible, ce que dénonce David Lisnard. Il rappelle que ces violences à l'encontre des maires ne datent pas de la semaine dernière et font parfois partie "du lot quotidien" des élus. Le président de l'Association des maires de France explique qu'elles surviennent "très souvent sur des interventions contre de l'incivilité, parce qu'on refuse un permis de construire véreux ou qu'on refuse de recruter toute une famille à la mairie : entre 2022 et 2021, les agressions sur les élus ont augmenté de 32%", se désole David Lisnard.
Face à ce constat, le gouvernement a présenté la semaine dernière son plan national de prévention et de lutte contre les violences aux élus. Il comprend notamment un renforcement de la protection juridique et physique des maires. David Lisnard soutient que les élus "ne demandent pas un privilège quelconque, ni à être plus couvert que les autres citoyens". Il souhaite surtout que "lorsque vous êtes agressé parce que vous êtes dépositaire de l'autorité publique, parce que vous prenez une mesure d'intérêt général ou que vous refusez d'accorder un privilège à quelqu'un, ça doit être considéré comme une circonstance aggravante. Ça va être le cas et c'est une bonne chose", salue le président de l'AMF.
David Lisnard met en avant le fait que "tous les fonctionnaires et les agents de la fonction publique bénéficient d'une protection fonctionnelle obligatoire quand ils sont agressés dans le cadre de leur fonction", mais regrette que "beaucoup de maires dans les villages n'osent pas la réclamer par pudeur. Ils n'osent pas engager une dépense à la mairie", insiste-t-il.
Source: franceinfo