Nord : ce que l'on sait de la mort d'un septuagénaire agressé après s'être plaint de nuisances sonores
Roué de coups dans la nuit du 5 au 6 juillet dans la commune de Vieux-Condé, Philippe Mathot a succombé à ses blessures mardi. Trois jeunes hommes ont été mis en examen, dont l'un pour "tentative de meurtre".
Le drame s'est déroulé dans le Nord, à la frontière belge. Un homme de 72 ans a succombé à ses blessures, mardi 11 juillet, quelques jours après avoir été agressé devant son domicile de Vieux-Condé, a annoncé le parquet de Valenciennes. Selon les premiers éléments de l'enquête, le retraité, Philippe Mathot, a été pris à partie par des jeunes auxquels il avait demandé de faire moins de bruit.
La victime a reçu "de multiples coups"
Dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 juillet, les policiers de Valenciennes sont intervenus à Vieux-Condé à la suite de l'agression d'un homme "découvert gisant sur la voie publique", rapporte le parquet. Selon les premières investigations, la victime est sortie de chez elle vers 23 heures "en raison de la présence bruyante de trois jeunes gens devant son domicile". Le septuagénaire les aurait priés de quitter les lieux, ce qui a donné lieu à "une altercation" et à "de multiples coups de poing et de pied" assénés à la victime, "notamment lorsque celle-ci se trouvait au sol après avoir chuté sous l'impact des coups", d'après cette même source.
Hospitalisé à Valenciennes avec un pronostic vital engagé, l'homme de 72 ans est mort près d'une semaine plus tard. Figure bien connue dans cette ville de 10 000 habitants, Philippe Mathot était un fleuriste à la retraite, membre de l'union des commerçants de Vieux-Condé et de l'association caritative des Colis du cœur, selon la mairie. Son portrait a été diffusé sur la page Facebook de la commune, où deux livres de condoléances ont été ouverts. "C'était un homme très gentil, serviable", affirme une habitante à France 3.
Trois jeunes ont été mis en examen
Trois personnes "qui ne présentaient pas d'antécédents judiciaires" ont été mises en examen, selon le parquet. Le principal suspect, âgé de 17 ans et soupçonné d'avoir porté les coups, est visé par un chef d'inculpation de "tentative de meurtre", qui pourrait être requalifié en "homicide volontaire" du fait du décès de la victime. Il a été placé en détention provisoire. Les deux autres personnes, de 18 et 14 ans, ont été mises en examen pour "non-empêchement de commettre un crime ou un délit et non-assistance à personne en danger". La première a été placée sous contrôle judiciaire et la seconde fait l'objet "d'une mesure judiciaire éducative provisoire", selon le parquet.
Depuis la nuit du drame, "je ne suis plus sereine", a confié une voisine à France 3 Hauts-de-France, vendredi. Plusieurs riverains ont évoqué un trafic de drogue, autrefois écarté, qui serait de retour depuis plusieurs semaines dans le quartier. "On n'est pas en sécurité ici, on commence à avoir peur", a ajouté un jeune homme.
Des élus dénoncent un "acte de barbarie"
L'une des premières réactions politiques est venue du maire de la commune, David Bustin, qui s'est dit "en état de choc face à cet acte d'une rare violence". Dans la soirée de mardi, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a fustigé, sur Twitter, "une agression d'une lâcheté sans nom". "Ce drame ne restera pas impuni", a-t-il avancé. "C'est un acte de barbarie et j'appelle la justice à une extrême sévérité à l'encontre des auteurs de cet acte barbare", a renchéri, mercredi, sur Europe 1, le député du Nord et secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
D'un bout à l'autre du spectre politique, la condamnation est unanime, mais les appréciations sur les leçons à en tirer divergent. Sur franceinfo, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a évoqué une "ultra-violence" et une "violence décomplexée" à combattre "avec détermination". A droite, le président des députés LR, Olivier Marleix, a condamné une "espèce de sentiment d'impunité qui, à force, s'installe". "Trop de jeunes vivent dans un monde un peu irréel" où "la réponse pénale, l'autorité n'existent pas", a-t-il avancé, sur CNews. La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, y a vu un signe de "l'ensauvagement [qu'elle] dénonce depuis des années".
A gauche, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a déploré sur Twitter un "abominable lynchage". "Personne ne devrait opposer les victimes, comme je le lis hélas de la part de ceux qui ne pensent qu'à régler des comptes sur la mémoire d'un homme. Personne ne mérite la mort, à 17 comme à 72 ans", a-t-il ajouté, faisant allusion à la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre.
Source: franceinfo