L'inflation américaine a reflué à 3 % en juin
Par Solveig Godeluck
Publié le 12 juil. 2023 à 17:51 Mis à jour le 12 juil. 2023 à 18:11
On commence à voir la terre depuis le navire. En juin aux Etats-Unis, l'inflation est retombée à 3 % en rythme annuel, contre 4 % fin mai et jusqu'à 9 % il y a un an. Elle s'est établie au plus bas depuis mars 2021. La cible de 2 % fixée par la Réserve fédérale américaine (Fed) semble maintenant parfaitement atteignable - même si l'accostage pourrait en réalité prendre encore des mois.
Le président de la Fed, Jerome Powell, ne cesse en effet de répéter que le chemin est long et semé d'embûches. Ces dernières semaines, les dirigeants de la banque centrale ont laissé entendre qu'une nouvelle hausse des taux directeurs était probable le 26 juillet, et peut-être même une deuxième le mois suivant. « Ces chiffres peuvent réjouir la Fed, mais il est peu probable qu'ils la convainquent de renoncer à une hausse en juillet », note Christophe Boucher d'ABN Amro IM.
Détente sur les marchés
Sur les marchés, on veut croire que la prochaine hausse sera aussi la dernière. C'est donc l'optimisme qui dominait mercredi. A midi à New York, l'indice boursier S&P s'affichait en hausse de 0,84 %, le Nasdaq de 0,68 %, le Dow Jones de 0,54 %. A Paris, le CAC 40 a clôturé en hausse, comme l'ensemble des Bourses européennes.
Sur le marché obligataire, les taux se sont détendus. Le rendement des Treasuries - la dette d'Etat américaine - à 2 ans a reculé de 14 points de base. Son équivalent à 10 ans a baissé de 9 points de base, dans l'espoir d'une prochaine fin des tours de vis de la Fed. Idem pour la France. Mais les taux évoluent encore bien au-dessus de leur niveau de fin juin.
Le cap de 3 % d'inflation a été atteint « alors que le chômage reste proche de son plus bas », s'est pour sa part félicité le président Joe Biden dans un communiqué, en soulignant que « les salaires réels pour le travailleur américain moyen sont maintenant plus élevés qu'avant la pandémie, avec les gains les plus élevés pour les plus bas revenus ». Sur douze mois, le salaire horaire moyen ajusté de l'inflation a crû de 1,2 %, a révélé le Bureau of Labor Statistics mercredi.
Voitures d'occasion et billets d'avion en baisse
La dynamique est encourageante. La désinflation a été légèrement plus rapide que prévu en juin. Selon les données publiées mercredi par le Bureau of Labor Statistics, les prix à la consommation n'ont augmenté que de 0,2 % durant le mois, alors que le consensus des économistes tablait sur 0,3 %, et sur une hausse annualisée de 3,1 %.
Il y a eu des signes avant-coureurs de l'amélioration ces dernières semaines. Les Américains attendaient moins d'inflation, et l'on sait que les mouvements des attentes - les « ancrages » - nourrissent l'évolution des prix. Les prix des voitures et des utilitaires d'occasion ont commencé à flancher, alors qu'ils avaient grimpé entre avril et juin, avec le report des achats de véhicules neufs vers l'occasion.
L'indicateur des tarifs des billets d'avion a piqué du nez de plus de 8 % le mois dernier. Les prix des communications, de l'ameublement ont décru. Les oeufs ont encore dévissé de plus de 7 % en un mois, après une épizootie qui les avait propulsés à des sommets remarquables l'an dernier.
Le prix du logement résiste
Cependant, le rapport de juin montre que le poste alimentation dans son ensemble n'a pas contribué à la désinflation. Pas plus, d'ailleurs, que l'énergie, dont les prix sont erratiques et ont crû de 0,6 % le mois dernier (mais demeurent en baisse de presque 17 % sur un an).
L'inflation sous-jacente, hors énergie et alimentation, reflue lentement, à 4,8 % sur douze mois. Car le principal poste qui résiste est le logement. Il progresse à nouveau de 0,4 % en juin, soit 7,8 % sur un an. C'est de loin le principal accélérateur de l'inflation en juin, suivi par l'assurance automobile, l'habillement, les soins médicaux.
L'ajustement des prix des services est généralement plus long que celui des biens. Mais il n'est pas exclu que le second semestre voie enfin fléchir le coût du logement, et consacre le succès de la lutte contre l'inflation.
Source: Les Échos