Le Parlement européen sauve un texte clé du Pacte vert mais dilue son l'ambition

July 12, 2023
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Par Fabienne Schmitt

Publié le 12 juil. 2023 à 17:54

Le Parlement européen a sauvé mercredi le très controversé projet de loi sur la restauration de la nature, en l'approuvant à une courte majorité (336 pour, 300 contre et 13 abstentions).

Ce maintien en vie s'est fait au prix d'une ambition largement revue à la baisse. Il s'agit d'un texte clé du Pacte vert européen, qui prévoit de ramener au moins 20 % des terres et des mers dégradées du Vieux Continent à leur état d'origine d'ici à 2030.

C'est une défaite majeure pour Manfred Weber, le leader du PPE (droite), principal parti du Parlement européen, qui a tout fait pour le tuer.

La plupart des eurodéputés de droite et d'extrême droite populistes, mais aussi une partie des élus Renew (centristes) réclamaient le retrait du texte, affirmant qu'il mettrait en danger la sécurité alimentaire, aurait des effets néfastes pour les agriculteurs et bloquerait des projets d'énergies renouvelables.

Version édulcorée

Au final, le compromis voté n'est qu'une version très édulcorée du texte initial. Des amendements visant à augmenter les objectifs de restauration à 30 % des écosystèmes dégradés ont notamment été rejetés. Mais pour ses partisans, les Socialistes et démocrates, les Verts, la Gauche et Renew, c'est évidemment mieux que rien.

« C'est sûr que le texte est édulcoré mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit du premier texte juridique pour restaurer des écosystèmes détruits ou dont la qualité s'est dégradée, c'est une première mondiale », plaide Pascal Canfin, eurodéputé Renew, président de la commission Environnement.

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Pour sa part Manfred Weber s'est félicité d'avoir « influencé » la position du Parlement. « Nous nous sommes battus pour nos convictions et sommes arrivés très proches du but », a-t-il dit.

Le PPE est notamment parvenu à faire voter des amendements sur la suspension de l'application de la législation si le financement n'était pas assuré, ou encore sur la possibilité de reporter les objectifs si les prix alimentaires, ceux des énergies renouvelables ou le logement social étaient impactés négativement par la loi.

Bataille politique

La bataille politique de ces dernières semaines a été extrêmement rude, mêlant attaques personnelles et manoeuvres politiciennes. Le PPE a été accusé de vouloir gagner des voix au nom de la protection des agriculteurs, dont le poids électoral est fort en Europe. L'organisation dans un an des élections européennes a sans nul doute contribué à envenimer les débats.

Ce n'est pas la fin de l'histoire. Le Parlement, le Conseil et la Commission européenne doivent désormais se mettre d'accord sur une version finale du texte.

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Beaucoup redoutent que ces divisions politiques se reflètent sur les futurs textes du Pacte vert qui vise à atteindre la neutralité climatique d'ici 2050.

Les législateurs européens ont encore à voter celui sur les normes Euro 7 (antipollution), qui a déjà déclenché des débats houleux, et celui sur les pesticides, aujourd'hui enlisé.

Le PPE a prévenu qu'il continuerait à se battre pour freiner la cadence, en raison de craintes sur le coût de la transition verte de l'UE. « Notre priorité restera le moratoire, a réaffirmé mercredi Manfred Weber. Il faut marquer une pause avant d'imposer des fardeaux supplémentaires à notre économie. Ces dernières années, nous avons lancé une approche très ambitieuse pour apporter des résultats sur le changement climatique et la biodiversité, mais nous devons aussi oeuvrer sur la compétitivité, le commerce et la sécurisation des emplois sur notre continent ».

Les ambitions vertes de l'Union européenne , aujourd'hui pionnière mondiale, pourraient ainsi connaître des jours plus sombres…

Source: Les Échos