Leslie Van Houten, la disciple satanique de Charles Manson, libérée après 53 ans de prison

July 12, 2023
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À 73 ans, l’ancienne adepte de la secte de Charles Manson est sortie de prison ce mardi, contre l’avis du gouverneur de Californie, après plus de 50 ans en prison.

C’est l’épilogue de l’un des faits divers les plus célèbres des États-Unis. Leslie Van Houten, ex-disciple du sanguinaire «gourou» Charles Manson, a été libérée ce mardi 11 juillet après avoir 53 ans derrière les barreaux pour un double meurtre commis à l’été 1969. À cette époque, les membres de la secte satanique de Charles Manson avaient semé la terreur à Los Angeles où ils ont commis au moins neuf meurtres d'une grande sauvagerie. Parmi leurs victimes figurait l'actrice et mannequin Sharon Tate, alors mariée au cinéaste Roman Polanski.

Fumeuse de cannabis et consommatrice de champignons hallucinogènes, Leslie Van Houten avait été reconnue coupable d'avoir participé au meurtre d'un couple, Leno et Rosemary LaBianca, à leur domicile en août 1969. La meurtrière de la «maison Manson» avait alors 19 ans.

Leslie Van Houten arrive à son procès en 1977. Getty Images

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Sous l’emprise de Charles Manson

Née à Monrovia en Californie, le 23 août 1949, Leslie Van Houten grandit dans une famille pratiquante et mène la vie classique d’une Américaine de la classe moyenne. À l’adolescence, ses parents divorcent et elle commence à prendre ses distances avec sa famille et à régulièrement consommer du cannabis et du LSD. Fâchée avec sa mère qui la force à avorter à 17 ans, tourmentée et un brin hippie, la jeune femme fait la (malheureuse) rencontre en 1968 de Bobby Beausoleil, l'un des lieutenants de Charles Manson, avec qui elle entretient bientôt une liaison. Envoûtée par le leader charismatique de la secte, elle rejoint très vite son amant au Spahn Ranch, terrain vague servant d’ancien décor de cinéma et refuge de la «Famille Manson». Un jour, le «gourou» explique à ses disciples qu’il va falloir tuer des gens. Son plan est le suivant : tuer des blancs pour que les noirs soient accusés et ainsi créer une guerre civile. Le 9 août 1969, ils sont sept à partir dans une voiture. L’équipe se rend chez Roman Polanski et assassine les cinq personnes présentes dans la maison, dont la femme du cinéaste Sharon Tate qui était enceinte de huit mois. À ce moment-là, Polanski est en Europe. Leslie Van Houten, elle, est restée au ranch pour surveiller les enfants de la secte, dit-on.

Le lendemain, rebelote. La «Famille Manson» poursuit ses virées meurtrières. Cette fois, Leslie est de la partie et participe au meurtre d’un couple dans une luxueuse villa choisie au hasard. Elle donne 16 coups de couteau à la femme du couple, Rosemary LaBianca. Arrêtée, elle est jugée en 1971. Lors de ce procès, dont elle sort en riant au côté de ses acolytes criminelles Susan Atkins et Patricia Krenwinkle, la jeune femme s’avance les cheveux coupés à la garçonne, un «X» gravé sur le front. Une manière d’imiter son gourou qui s’est auto-mutilé et rasé le crâne. Leslie Van Houten est d’abord condamnée à mort, mais écopera finalement d'une peine de prison à perpétuité après plusieurs procès.

Susan Atkins, Patricia Krenwinkle et Leslie Van Houten, membres de la «Famille Manson». Getty Images

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Détenue exemplaire

Aujourd'hui âgée de 73 ans, l’Américaine «a été libérée sous le régime de la liberté conditionnelle le 11 juillet 2023», a indiqué à l'AFP l'administration pénitentiaire californienne dans un communiqué. La justice américaine s'était déjà prononcée cinq fois en faveur de sa libération conditionnelle. Mais à chaque fois, les gouverneurs de Californie, Jerry Brown puis Gavin Newsom, avaient mis leur veto. Dans son dernier refus en 2022, Gavin Newsom avait estimé que cette femme «représente actuellement un danger trop grand pour la société». Et ce, malgré sa bonne conduite en prison.

Derrière les barreaux, Leslie Van Houten apparaît en effet comme une détenue exemplaire. Elle a obtenu un baccalauréat en littérature anglaise et une maîtrise en sciences humaines, dirigé des groupes d'entraide pour les femmes incarcérées... En 2002, l’ex-disciple de Manson a donné une interview à Larry King sur CNN, se disant «fière» de la femme qu'elle est devenue en prison. Cette même année, lors d'une audience de la commission des libérations conditionnelles, elle a déclaré avoir «profondément honte» de sa participation aux crimes de 1969. «Je prends très au sérieux non seulement les meurtres, mais aussi ce qui m'a fait me rendre disponible pour quelqu'un comme Manson», a-t-elle clamé.

Et visiblement, la cour d'appel de Californie a fini par l’entendre, en annulant le veto de Gavin Newsom fin mai. Les juges ont alors estimé qu'il n'y avait «aucune preuve permettant d'étayer les conclusions du gouverneur», soulignant son comportement de détenue modèle et ses «décennies de thérapie».

Leslie Van Houten lors d'une audition en 2002. Damian Dovarganes / AFP

1 an dans un centre de réinsertion

Après cette décision, le gouverneur de Californie n’a pas porté l'affaire devant la Cour suprême de Californie, un processus qui aurait pu prendre plusieurs années. «Gavin Newsom est déçu par la décision de la cour d'appel de remettre en liberté Mme Van Houten mais n'engagera pas de nouvelles actions étant donné le peu de chance qu'elles aboutissent», a déclaré samedi l’une des porte-parole du gouverneur. Les familles de victimes «ressentent encore l'impact brutal» des meurtres commis par la «Famille Manson», a-t-elle toutefois ajouté.

De son côté, Nancy Tetreault, l’avocate de Leslie Van Houten, s'est dit «très heureuse» que cette libération soit intervenue «si rapidement» après le renoncement du gouverneur. L'ex-détenue doit désormais passer «une année dans un centre de réinsertion pour acquérir les compétences nécessaires afin de faire face à un monde qui a beaucoup changé au cours des cinq dernières décennies», a fait savoir son avocate dans un communiqué. Avant de préciser que sa cliente allait aussi désormais «chercher un emploi dans des domaines qui s'appuient sur les diplômes (...) qu'elle a obtenus en prison.»

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Source: Le Figaro