Milan Kundera et la France, une relation particulière entre exil et accueil
L'écrivain franco-tchèque, mort mardi après-midi à l'âge de 94 ans à Paris, où il résidait depuis des années, a entretenu une relation particulière avec la France, tout au long de sa vie. Terre d'exil et d'accueil, l'Hexagone lui a ouvert ses portes depuis 1975.
Le français était devenu sa "seconde langue maternelle". Décédé à l'âge de 94 ans, l’écrivain Milan Kundera a toujours entretenu une relation particulière avec la France. Terre d'accueil et d'exil à partir de 1975, il y résidera jusqu'à sa mort.
De Rennes à Paris
À l'été 1975, Milan Kundera et son épouse Vera quittent la Tchécoslovaquie communiste à bord de leur voiture. Ils ont obtenu l'autorisation de se rendre en France pour "730 jours", comme le relate Le Monde. Ils y passeront leur vie. D'abord à Rennes, où le romancier devient enseignant en cinéma à l'université. Puis à Paris, "sa deuxième ville natale", où il est introduit dans les cercles intellectuels par Louis Aragon et Claude Roy. Suivront la traduction et la publication de ses romans par Gallimard.
Déchu de sa nationalité tchèque en 1979, le romancier est naturalisé français en 1981, avec l'aide de François Mitterand. Invité de l'émission La Rage de lire en 1980, le romancier raconte la facilité avec laquelle il s'est installé dans l'Hexagone. Lors de son enfance à Prague, Milan Kundera a découvert les classiques de la littérature française. "Pour moi, la culture française c'était quelque chose que je connais très bien. [...] En France je ne me sens pas du tout dépaysé." Il lui faudra attendre 2019 pour récupérer la nationalité tchèque.
Tout en français à partir de 1993
En 1984, L'Insoutenable légèreté de l'être le propulse sur le devant de la scène littéraire française. Le roman connait un grand succès grâce, notamment, à l'adaptation cinématographique de Philippe Kaufman et Jean-Claude Carrière en 1988. Mais le grand virage survient en 1993 : dès lors, Milan Kundera écrit ses romans en français, devenue la langue de référence pour ses traductions. En 2023, son œuvre reconnue compte pas moins de seize ouvrages, et a été traduite en plus de 80 langues.
Quelques années plus tard, en 2011, il rejoint le cercle très privé des écrivains publiés de leur vivant dans la collection de la Pléiade. Ses œuvres sont rassemblées dans deux tomes.
En 2021, Ariane Chemin, grand reporter au Monde, part À la recherche de Milan Kundera (2021, éditions du sous-sol). Alors qu'elle croise souvent le romancier et sa femme Vera, dans les rues de Paris, elle décide de retracer le parcours de l'homme de lettres, depuis son enfance à Prague jusqu'à sa vie parisienne, en passant par ses vacances au Touquet.
Source: franceinfo