Casino guichard : Alors que ses comptes dévissent encore, Casino sabre son objectif de résultat pour 2023
(BFM Bourse) - Le groupe stéphanois, en pleine restructuration financière, a vu la contraction de ses revenus s'accélérer au deuxième trimestre. Son résultat brut d'exploitation, lui, bascule dans le rouge au premier semestre, contraignant la société à revoir sa prévision d'Ebitda pour cette année.
Quand les multiples péripéties sur sa lourde restructuration financière n'occupent pas le devant de la scène, l'opérationnel de Casino vient se rappeler au bon vouloir du marché.
Censé publier ses comptes semestriels le 27 juillet prochain, le groupe de distribution n'a pas attendu et a émis un avertissement sur résultats, en publiant ses ventes et son résultat brut d'exploitation (Ebitda) sur son périmètre France, respectivement au deuxième trimestre et au premier semestre, tout en abaissant ses projections pour l'exercice en cours.
L'érosion des ventes du groupe en France a encore gagné en vitesse sur la période allant de d'avril à fin juin. Le chiffre d'affaires hors taxes a ainsi plongé de 6,6% au deuxième trimestre, marquant une accélération par rapport à la baisse de 4,6% du premier trimestre.
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Hypermarchés et supermarchés pénalisés par les hausses de prix
Absolument tous les formats de magasins voient leur performance se dégrader. Si les enseignes dites "parisiennes" (Franprix et Monoprix) et les commerces dits de proximité (Vival, Spar) restent en croissance en valeur, elles n'affichent qu'une progression de 2,6% sur un an, contre 4,6% au premier trimestre.
Et de leur côté les formats en difficulté de la société depuis plusieurs trimestres, à savoir les supermarchés et les hypermarchés plongent encore, accusant des chutes respectives de leurs revenus hors taxes de 13,9% et 17,1% respectivement (contre -7,8 et -12,4% respectivement au premier trimestre). La société explique que ces enseignes ont notamment été plombées par "les baisses de prix". Depuis décembre 2022, ces formats ont mené puis intensifié des campagnes d'ajustements tarifaires pour combler leurs écarts avec les concurrents dans l'espoir de contrecarrer la baisse des volumes.
L'Ebitda, la ligne de bénéfice la plus "pure" du compte de résultat car correspondant au bénéfice avant les choix d'investissements et financiers, bascule dans le rouge.
Casino s'attend à une perte sur cet indicateur (hors promotion immobilière et après loyers) comprise entre 165 millions d'euros et 175 millions d'euros au premier semestre en France, contre un chiffre positif de 191 millions d'euros sur la même période de 2022.
"Au vu des performances estimées à la fin du premier semestre, le groupe anticipe désormais un Ebitda France après loyer payés inférieur à 300 millions d'euros sur l’année 2023", a indiqué Casino. Dans son plan d'affaires à moyen terme présenté au marché le 26 juin, Casino tablait encore sur un chiffre pour cette année de 440 millions d'euros. La magnitude de la révision (près de 50%) s'avère donc grande.
Un coup de pression vers les apporteurs de capital?
"Le calendrier de ce "profit warning" ne semble pas anodin car les apporteurs d'offre en capital ont jusqu'à vendredi pour améliorer leurs offres. Cela peut mettre la pression sur les deux projets en montant qu'il y a un besoin de cash important et un besoin de désendettement plus fort que prévu. Cela semble notamment être un signal envoyé à "3F" (l'offre du trio Niel-Pigasse-Zouari, NDLR) pour qu'ils améliorent la composante en capital", décrypte un analyste parisien
Casino est entré en procédure de conciliation judiciaire en mai pour renégocier sa lourde dette avec ses créanciers. Le groupe avait également indiqué nécessiter un apport en fonds propres d'au moins 900 millions d'euros supplémentaires.
Dans cette optique, Casino a reçu des offres d'apport en capital, une émanant de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky soutenu par le financier Marc Ladreit de Lacharrière, et une provenant du trio Xavier Niel-Matthieu Pigasse-Alexandre-Moez Zouari ("3F", donc).
Si celle de Kretinsky propose un apport en capital de 1,35 milliard d'euros intégralement en fonds propres, l'injection de fonds du trio "3F" se situe elle à 900 millions d'euros dont la moitié en fonds propres et l'autre en dette "super senior", selon une présentation communiquée la semaine dernière par Casino. Par ailleurs la baisse du levier d'endettement prévu par l'offre de Kretinsky s'avère bien plus forte, l'homme d'affaires tchèque proposant de convertir en capital 1,5 milliard d'euros de dette garantie par des actifs (dette sécurisée) et l'intégralité de la dette sécurisée. "3F" pour sa part veut aussi convertir la dette non sécurisée en totalité, mais seulement 300 millions d'euros de dettes sécurisée.
Mais selon les informations de BFM Business, les deux candidats modifient actuellement leurs offres "de jour en jour", et les lignes pourraient donc encore bouger.
L'action Casino, elle perd encore 4,7% à la Bourse de Paris vers 9h45. Une goutte dans l'océan, vu le plongeon qu'a accusé le titre récemment (-52% sur un mois). La valeur du titre de 3,16 euros, ne reflète par ailleurs guère la méga-dilution qui s'annonce (plus de 99% pour les actionnaires actuels, hors évidemment les holdings de Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière pour la première proposition)
"Le cours de Bourse actuel ne prend clairement pas en compte les actions nouvelles qui seront émises et s'avère franchement surréaliste", commente l'analyste parisien précédemment cité.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse