Voici le Trembita, le nouveau missile ukrainien fait maison
En Ukraine, on l'appelle «le missile du peuple». On doit cette invention à un groupe d'ingénieurs basés non loin de Kiev, fiers de pouvoir présenter leur création maison, le Trembita, sur leur page Facebook comme sur YouTube. The Guardian décrit cet engin comme une «réponse» au V1, premier missile de croisière de l'histoire de l'aéronautique, qui fut utilisé par l'Allemagne nazie entre juin 1944 et mars 1945, notamment contre le Royaume-Uni.
D'une portée de 140 kilomètres, le Trembita peut transporter une charge explosive allant jusqu'à 25 kilos, en étant simplement alimenté par du carburant tel qu'on le trouve à la pompe. L'un de ses atouts principaux, c'est son prix. Sa fabrication coûte environ 3.000 euros, auxquels il faut ajouter 7.000 euros supplémentaires pour l'équiper d'un système de navigation moderne.
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C'est tout simplement 100 à 200 fois moins cher que les missiles de croisière hypersoniques dont dispose la Russie, le Kh-47M2 Kinjal et le 3M-54 Kalibr, qui coûtent entre 1 et 2 millions d'euros l'unité –et que Moscou a d'ores et déjà utilisés par dizaines à l'occasion d'attaques contre des villes ukrainiennes, dont Kiev.
Sur place ou à emporter
Autre avantage du Trembita: il est facilement transportable. Selon Akym Kleymenov, ingénieur en chef responsable du projet, le coffre d'une voiture fait l'affaire. Une fois déplacé et installé, il n'a besoin que de 30 litres d'essence ou de diesel pour pouvoir frapper une cible située à une demi-heure à la ronde.
Décrit par The Guardian comme le Q ukrainien, Akym Kleymenov accepte volontiers cette référence au spécialiste des gadgets si utiles à James Bond. Mais son Trembita n'a pourtant rien d'un joujou: une fois passée la phase des tests en base militaire, qui n'a pas encore été effectuée, il espère que ses missiles pourront être envoyés par groupes de vingt ou de trente en direction des zones ennemies.
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Akym Kleymenov a bien réfléchi son projet. Ces dizaines de Trembita à propulser simultanément ne seront pas tous munis d'explosifs, explique-t-il. L'objectif est aussi de créer un effet «psycho-émotionnel négatif» sur les soldats russes, dont il espère qu'ils seront saisis par le bruit des missiles. Environ 100 décibels sont prévus, soit la fourchette basse du seuil de douleur auditive.
Artisanat et détermination
Le projet Trembita est chapeauté par Viktor Romaniuk, ancien membre de la Rada, le parlement ukrainien. Celui-ci fait appel aux dons pour financer la production de missiles et n'hésite d'ailleurs pas à transmettre son adresse mail en espérant être contacté par des mécènes. À terme, il aimerait que l'Ukraine dispose de 1.000 Trembita par mois, pour un coût qu'il estime entre 300.000 et 550.000 euros.
Dans les vidéos disponibles, on voit les ingénieurs à l'œuvre, visage découvert et équipements de protection réduits au minimum, comme s'ils étaient en train de travailler sur un projet bien plus modeste ou beaucoup moins dangereux. Cela sent l'artisanat à plein nez, et pourtant le projet est ô combien sérieux.
Cette conception maison est-elle sans danger? L'ingénieur Serhiy Birioukov s'empresse de répondre: «Pour nous, oui. Pour les Russes, non.» La détermination est de mise.
L'Ukraine mise très sérieusement sur le Trembita, comme le confirme Yuriy Sak, conseiller du ministère ukrainien de la Défense: «On ne peut pas compter éternellement sur nos partenaires occidentaux. [...] Ceci est l'exemple d'une Ukraine qui pense stratégie et qui met en place des idées pour consolider ses bases en matière de défense.»
Source: korii.