Affaire Fiona Scott Morton : Bruxelles campe, pour l’instant, sur sa décision de recruter l’ex-lobbyiste américaine

July 14, 2023
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Sièges institutionnels de l’Union européenne, à Bruxelles, en 2016. ISOPIX/SIPA

La Commission résiste. « La décision a été prise. Nous ne voyons pas de raison de reconsidérer » le recrutement de l’Américaine Fiona Scott Morton, universitaire, lobbyiste et ancienne cadre de l’administration Obama, à un poste-clé pour la régulation des grandes entreprises de la tech, a annoncé, vendredi 14 juillet, la porte-parole de la Commission européenne Dana Spinant. « Tant qu’elle n’a pas signé son contrat, ça peut bouger », nuance un haut fonctionnaire européen. Pour l’heure, rien n’a été signé.

Le 11 juillet, l’exécutif communautaire a validé la nomination de cette experte en économie de la concurrence au poste de cheffe économiste à la puissante direction générale (DG) de la concurrence. Celle-ci est chargée d’enquêter sur les comportements anticoncurrentiels des entreprises, d’autoriser les fusions et acquisitions, mais aussi de valider les aides d’Etat des différents gouvernements.

La nationalité de la nouvelle recrue a ému, alors qu’en théorie, hormis quelques exceptions très encadrées, les institutions communautaires sont tenues d’embaucher des ressortissants de l’Union européenne (UE). D’ailleurs, à Bruxelles, la Commission ne fait travailler aucun Américain. Mais ce n’est pas tout. Fiona Scott Morton, en plus de ses activités d’enseignante à l’université Yale, est aussi consultante pour certaines grandes entreprises du numérique que l’UE a dans son viseur. Cela pose donc des questions de conflit d’intérêts.

Dans le curriculum vitae de la nouvelle recrue, qui a été transmis aux commissaires, avant sa nomination, le sujet est peu détaillé, à l’inverse de ses publications académiques, qui courent sur plusieurs pages. « Je ne suis salariée d’aucun cabinet de consultants, plutôt une consultante indépendante », y écrit-elle. Elle déclare aussi faire des missions pour trois cabinets : le plus souvent pour Charles River Associates – bien connu dans la bulle bruxelloise pour être le lobbyiste préféré des Gafam et dont elle a été salariée entre 2006 et 2011 –, mais aussi pour Bates White et Cornerstone.

Réactions françaises hostiles

« J’ai travaillé sur cinq ou six dossiers ces dix dernières années. Chaque dossier représentait un budget compris le plus souvent entre 1 et 2 millions de dollars [entre 894 000 euros et 1,79 million d’euros] », ajoute-t-elle, sans donner plus de précisions et sans que la Commission juge nécessaire de dire pour qui Fiona Scott Morton a effectivement travaillé. Parmi ses clients, on peut néanmoins citer, entre autres, Apple, Microsoft et Amazon.

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Source: Le Monde