CARTE. Guerre en Ukraine : Kiev gagne du terrain, Wagner bientôt légalisé… Le point du jour

July 14, 2023
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Alors que l’Ukraine a connu une quatrième vague consécutive de frappes nocturnes russes sur Kiev, dans la nuit de jeudi 13 à vendredi 14 juillet 2023, l’armée ukrainienne a annoncé avoir gagné du terrain vers le sud du pays. De son côté la Russie réfléchit à une possible légalisation des sociétés militaires privées, à l’instar du groupe Wagner, qui semble absent des combats selon une déclaration du Pentagone.

La situation en Ukraine ce vendredi 14 juillet 2023. | INFOGRAPHIE OUEST-FRANCE Voir en plein écran La situation en Ukraine ce vendredi 14 juillet 2023. | INFOGRAPHIE OUEST-FRANCE

La Russie menace les États-Unis et l’Otan d’une « confrontation armée »

« Les États-Unis et leurs satellites de l’Otan courent le risque d’une confrontation armée avec la Russie, ce qui pourrait entraîner des conséquences catastrophiques », a affirmé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une déclaration relayée vendredi par l’ambassade de Russie du Royaume-Uni sur Twitter.

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L’Allemagne promet un soutien militaire à l’Ukraine jusqu’en 2027

Le chancelier allemand Olaf Scholz a promis vendredi à l’Ukraine un soutien militaire d’un montant d’environ 17 milliards d’euros jusqu’en 2027 pour l’aider à repousser l’invasion russe. Après les États-Unis, l’Allemagne est le deuxième contributeur en matière d’aide militaire pour l’Ukraine, a rappelé le dirigeant allemand, lors de sa traditionnelle conférence de presse d’été à Berlin. « Nous avons calculé que, depuis le début de la guerre (en février 2022) et jusqu’en 2027, ce seront probablement 17 milliards d’euros que nous dépenserons pour des livraisons d’armes à l’Ukraine provenant d’Allemagne ou financées par l’Allemagne », a déclaré Olaf Scholz.

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Au premier jour du sommet des dirigeants de l’Otan mardi à Vilnius, l’Allemagne s’était engagée à de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine pour un montant de près de 700 millions d’euros. Cette annonce intervenait seulement deux mois après une précédente promesse de 2,7 milliards d’euros annoncée juste avant la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky en Allemagne.

L’Allemagne a longtemps été critiquée par Kiev et certains de ses partenaires européens, notamment à l’Est, pour la timidité de son soutien militaire à l’Ukraine. Mais depuis plusieurs mois, Berlin a intensifié ses efforts en la matière : elle livre désormais notamment des munitions, des chars de combat Leopard et de la défense anti-aérienne.

Attaque de drones dans la ville natale de Zelensky

La Russie a lancé une attaque de drone à Kryvyi Rih, la ville natale du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a déclaré vendredi le gouverneur de la région. Un homme de 56 ans a été blessé lors de l’attaque et plusieurs bâtiments ont été endommagés, dont les locaux d’une entreprise municipale, deux immeubles résidentiels et une entreprise de transport à Kryvyi Rih, a indiqué le gouverneur régional Serhi Lysak sur l’application de messagerie Telegram. Selon le maire de la ville, Oleksandr Vilkul, des fenêtres d’immeubles et de maisons privées, d’hôpitaux et d’écoles ont été soufflées.

Ces tirs de drones interviennent après une série d’attaques qui ont frappé la capitale, Kiev, pendant trois nuits consécutives cette semaine. La Russie n’a pas commenté ces attaques et nie prendre délibérément des civils pour cible.

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L’Ukraine prend du terrain mais « n’avance pas si vite »

L’armée ukrainienne dit avoir progressé de près de 2 km en une semaine vers le sud, a annoncé vendredi un haut gradé ukrainien. Les forces armées ukrainiennes « continuent de mener des opérations offensives » en direction de Melitopol, une importante ville ukrainienne sous contrôle de la Russie, et « les brigades d’assaut appuyées par des chars ont avancé de 1,7 km » en une semaine dans cette zone, a précisé lors d’un briefing ce porte-parole, le colonel Mykola Ourchalovitch.

Mais dans le même temps, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak a admis que la contre-offensive de Kiev, confrontée à la résistance des forces russes, n’avançait « pas si vite ». « Si nous voyons que quelque chose ne va pas comme il faut, nous allons le dire. Personne ne va embellir » la situation, a-t-il ajouté.

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Andriï Iermak a par ailleurs assuré que les alliés occidentaux ne mettaient pas la pression sur Kiev à ce sujet. « Il n’y a aucune pression, juste une question : “comment pouvons-nous encore vous aider ?”» a-t-il assuré. « Tous dans le monde comprennent qu’il est impossible de faire pression sur l’Ukraine », a encore assuré Andriï Iermak, considéré comme le bras droit du président Volodymyr Zelensky.

L’Ukraine ne négociera pas avec la Russie tant que les troupes de Moscou seront sur le territoire ukrainien, a par ailleurs soutenu Andriï Iermak. « Notre position est très claire. Même penser à ces négociations n’est possible qu’après que les troupes russes quittent notre territoire », a déclaré le responsable. « Tout le monde comprend que nous n’allons pas parler aux Russes » avant cela, a-t-il poursuivi.

Une possible légalisation des sociétés militaires privées

Le Kremlin a dit vendredi envisager la légalisation des sociétés militaires privées, notamment le groupe Wagner, dont l’existence n’est actuellement toujours pas autorisée par la loi russe malgré leur implication dans le conflit en Ukraine. « Juridiquement, la compagnie militaire privée Wagner n’existe pas et n’a jamais existé, c’est une question à étudier, à examiner davantage », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Selon Dmitri Peskov, c’est « une question assez complexe, concernant le statut juridique de telles compagnies, et qui doit être étudiée ».

Ces déclarations du porte-parole de la présidence russe font suite à un message similaire la veille de Vladimir Poutine, dans une interview au journal Kommersant. « Le groupe [Wagner] est là, mais il n’existe pas juridiquement ! […] C’est une autre question liée à [leur] légalisation effective. Une question qui doit être évoquée à la Douma [chambre basse du Parlement], au sein du gouvernement », a affirmé Vladimir Poutine.

Wagner absent du combat selon le Pentagone

Cette annonce du Kremlin intervient au lendemain des déclarations du Pentagone, qui a affirmé que les mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner ne participent plus « de manière significative » aux opérations de combat en Ukraine, deux semaines après la mutinerie avortée des combattants du groupe. « À ce stade, nous ne voyons pas les forces de Wagner participer de manière significative aux opérations de combat en Ukraine », a fait savoir le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, lors d’une conférence de presse. Les États-Unis estiment que « la majorité » des combattants de Wagner sont toujours dans des zones ukrainiennes occupées par la Russie, a-t-il précisé.

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Fin juin, le groupe paramilitaire Wagner, qui a joué un rôle clé dans l’offensive de Moscou en Ukraine, a cherché à renverser la direction militaire russe lors d’une révolte éclair. Evguéni Prigojine, patron du groupe, avait assuré que son soulèvement ne visait pas à renverser le pouvoir, mais à sauver Wagner d’un démantèlement par l’état-major russe, qu’il accuse d’incompétence dans le conflit en Ukraine. La mutinerie a pris fin le 24 juin au soir, avec un accord prévoyant le départ en Biélorussie de Evguéni Prigojine. Ses combattants se sont vus proposer par le président russe Vladimir Poutine de rejoindre les troupes régulières, de partir pour la Biélorussie ou de retourner à la vie civile.

Arman Soldin décoré de la Légion d’honneur à titre posthume

Arman Soldin, le coordinateur vidéo de l’Agence France-Presse, tué dans l’exercice de ses fonctions en Ukraine le 9 mai, a été décoré chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. « Au grade de chevalier » et « avec effet du 28 juin 2023 », Arman Soldin a été décoré par « décret du président de la République en date du 13 juillet 2023 », est-il écrit dans le Journal officiel publié dans la nuit de vendredi.

Arman Soldin a été tué lors d’une attaque de roquettes Grad russes dans l’Est de l’Ukraine, près de la ville assiégée de Bakhmout. Il avait 32 ans. Il faisait partie d’une équipe de cinq reporters de l’AFP qui accompagnaient des soldats ukrainiens sur le front le plus actif, près du village de Tchassiv Iar.

« Nous sommes émus et touchés par cette distinction pour Arman », a déclaré le directeur de l’information de l’AFP Phil Chetwynd. Cette décoration posthume « honore son superbe journalisme et aide à garder sa mémoire vivante », a-t-il ajouté.

Source: Ouest-France