Aux Pays-Bas, après la chute de Mark Rutte, les élections législatives se tiendront en novembre

July 14, 2023
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Le premier ministre sortant, Mark Rutte, a surpris les Néerlandais en annonçant lundi 10 juillet son retrait de la politique. LUDOVIC MARIN / AFP

Les Pays-Bas ont annoncé, vendredi 14 juillet, la tenue d’élections législatives le 22 novembre pour renouveler le Parlement et trouver un successeur au premier ministre sortant, le libéral Mark Rutte, au pouvoir depuis 2010. Dans la soirée du vendredi 7 juillet, à l’issue de trois jours de discussions, les quatre partis composant sa coalition se sont quittés sur un constat de total désaccord à propos de la politique d’asile.

M. Rutte, le chef du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), a surpris les Néerlandais en annonçant lundi 10 juillet son retrait de la politique. Interrogé après cette déclaration, il a déclaré : « En politique, on se demande certains soirs : est-ce que tout cela est bien utile ? Un enseignant, lui, ne doit jamais se poser cette question. » Une allusion au fait que, même à la tête de divers gouvernements depuis 2010, M. Rutte n’a jamais renoncé à donner des cours dans une école de La Haye. Surnommé « Teflon » – en raison de sa résilience malgré les scandales et les crises politiques –, il a déclaré qu’il était temps de « passer le relais ».

Le VVD, dirigé par M. Rutte, vise un autre mandat de premier ministre et devrait présenter comme tête de liste aux élections législatives l’actuelle ministre de la justice, d’origine turque, Dilan Yesilgöz-Zegerius – elle-même arrivée aux Pays-Bas en tant que demandeuse d’asile –, tandis qu’un parti d’agriculteurs néerlandais espère secouer le système.

Des figures-clés du gouvernement quittent la politique

Formé à la fin de 2019, au début du mouvement de contestation paysanne contre les projets de réduction drastique du cheptel néerlandais pour des raisons environnementales, le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB) est le parti à avoir obtenu le plus de sièges aux élections provinciales de mars dernier. Ce scrutin détermine aussi la constitution du Sénat, où il est désormais la première force politique.

Les élections de novembre seront scrutées de près en Europe, où M. Rutte – deuxième dirigeant de l’UE resté le plus longtemps au pouvoir après le Hongrois Viktor Orban –, a permis aux Pays-Bas, cinquième puissance économique de la zone euro, de jouer dans la cour des grands. Pilier de la politique européenne, M. Rutte a eu un rôle de premier plan sur des questions allant du renflouement de la zone euro – sur laquelle sa position frugale le mettait souvent en désaccord avec des pays d’Europe du Sud – à la guerre en Ukraine.

La coalition sortante, la quatrième de M. Rutte depuis sa première prise de fonctions en 2010, n’a été investie qu’après deux cent soixante et onze jours de négociations, pour finalement s’effondrer seulement un an et demi plus tard.

Plusieurs figures-clés du gouvernement sortant ont annoncé ces derniers jours leur départ de la politique ou de hautes fonctions au sein de leur parti.

Lundi, le ministre des affaires étrangères, Wopke Hoekstra, a déclaré son retrait de la direction du parti chrétien-démocrate CDA. Jeudi, la ministre des finances, Sigrid Kaag, a déclaré qu’elle quittait la tête de son parti, de gauche libérale, D66, en raison de l’impact sur sa famille « d’intimidations et de menaces » dont elle a été victime. Enfin, la ministre la plus importante de la petite formation protestante, CU, Carola Schouten, a aussi annoncé, vendredi, sa décision de quitter la vie politique.

Source: Le Monde