" Dynasties d’Afrique ", trois sagas d’entrepreneurs

July 16, 2023
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Jean-Louis Billon, patron de Sifca ; Pierre Castel ; Issad Rebrab qui a créé le groupe Cevital. ISSOUF SANOGO/AFP ; FRÉDÉRIC DESMESURE ; RYAD KRAMDI/AFP

Les économies africaines ne sont pas seulement faites de crises de la dette récurrentes, de coûteux désastres climatiques ou de programmes de lutte contre la pauvreté. Ce continent de 1,2 milliard d’habitants ne compte pas que des petits entrepreneurs, qui, du nord au sud et d’est en ouest, font tourner des économies encore informelles, gagnant le jour le pain qu’ils mettent le soir sur la table. Malgré des places fortes de la tech, le paysage économique est loin encore loin d’être défini par ces start-up innovantes qui promettent de transformer les défaillances locales en opportunités.

L’Afrique compte aussi de grandes entreprises, parfois des empires. Des groupes entièrement familiaux ou bien cotés en Bourse, parfois associés à des géants mondiaux. Actifs dans un pays, ou plusieurs, et comptant des milliers, voire des dizaines de milliers de salariés. Des mastodontes de l’agriculture, d’industries diverses, mais aussi de la construction, de l’énergie ou de l’assurance, bâtis avec obstination par des entrepreneurs avisés.

Ce sont certaines de ces sagas africaines qui vous sont racontées ici. Nous n’avons pas nécessairement choisi les plus grosses entreprises à l’échelle continentale, mais privilégié trois épopées singulières : celles de Sifca, géant de l’agroalimentaire né en Côte d’Ivoire ; Castel, dont les boissons se sont imposées sur bon nombre de tables africaines ; et Cevital, qui s’est déployée dans des secteurs aussi divers que la presse, la construction et l’agroalimentaire.

« Fragilité du contexte »

Des aventures entrepreneuriales significatives qui, dans une Afrique en transformation, ont aussi été les témoins, et parfois les actrices, d’un changement d’époque, imbriquant leur petite histoire dans la grande. Des histoires d’hommes (surtout, contexte oblige) qui ont bâti des fortunes en sachant naviguer dans des environnements économiques et politiques parfois chaotiques faits de renversements de régimes, avec des Etats kleptocrates, de règles du jeu changeantes et, parfois, de passages par la case prison.

Nous avons aussi voulu montrer que ces entrepreneurs, parfois un brin mégalomanes, sont confrontés en Afrique comme ailleurs à la difficile question de leur propre succession : se choisir des héritiers, éviter le déchirement de fratries entières, passer les rênes au bon moment. « La vie humaine est limitée, mais pas la vie d’une entreprise, et c’est quelque chose qu’un entrepreneur ne veut pas toujours voir, a confié lors de ces enquêtes un avocat proche de nombreux hommes d’affaires africains. Mais la fragilité du contexte fait qu’ici ils ont l’obligation d’assurer leur patrimoine. »

Source: Le Monde