Casino : le trio Niel-Zouari-Pigasse renonce à déposer une offre de reprise, Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière seuls en lice

July 16, 2023
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Devant un supermarché du groupe Casino à Cannes, le 9 novembre 2019. ERIC GAILLARD / REUTERS

Dans un communiqué de presse diffusé en fin de journée, dimanche 15 juillet, le trio d’hommes d’affaires constitué de Xavier Niel (également actionnaire à titre individuel du groupe Le Monde), Moez-Alexandre Zouari et Matthieu Pigasse a annoncé que leur alliance, intitulée 3F, « a décidé de ne pas déposer d’offre pour la reprise du Groupe Casino ».

Deux offres de reprises avaient jusqu’ici été faites pour le distributeur, qui se débat avec son endettement et est entré fin mai dans une conciliation pour tenter de le renégocier : l’une par 3F, donc, l’autre par le duo de milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière. Les premiers, dimanche, considèrent qu’« à la suite d’une situation financière plus dégradée que prévue, 3F avait formulé des demandes précises » sur plusieurs points, dont une projection des besoins de liquidité et de résultat en 2023, ils n’ont « pas reçu les informations demandées ».

Par ailleurs, le trio déplore que l’un des créanciers de Casino, Attestor, a participé, selon eux, « à une offre concurrente avant la remise des offres », dont une version corrigée devait être finalisée avant vendredi 13 juillet avant 21 heures pour un examen, lundi 17 juillet, par la direction et les créanciers du groupe. Cette action, critiquent MM. Niel, Zouari et Pigasse, a été menée « sans jamais en informer 3F, même après la remise de cette offre concurrente », « alors qu’il était engagé avec 3F dans une offre toujours valable, dont la validité avait été étendue en accord avec lui (…) et tout en continuant à participer aux réunions de 3F. »

Offre corrigée de Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière

« En responsabilité », poursuivent les investisseurs, 3F « refuse de participer à un process biaisé – la société ayant visiblement déjà choisi son repreneur –, process qui ne donne pas une chance équivalente à tous les candidats et la meilleure chance possible au groupe Casino et à ses salariés ». « 3F reste ouvert et disponible pour que Casino soit sauvé et redevienne le champion qu’il a été », écrivent en conclusion du communiqué les trois hommes.

Quelques minutes après l’envoi du communiqué de 3F, Daniel Kretinsky, auteur de l’offre concurrente avec Marc Ladreit de Lacharrière, a pris la parole dans un entretien au quotidien économique Les Echos. « Notre intérêt pour Casino a une dimension rationnelle : nous agissons en tant qu’actionnaire animé par un projet industriel, y explique-t-il notamment, à la veille de l’examen de leur offre par le groupe et ses créanciers. Mais il existe aussi une dimension émotionnelle : je suis francophile ; je constate que mon groupe est aujourd’hui plus présent en Allemagne et au Royaume-Uni qu’en France. Devenir, de concert avec mon ami Marc Ladreit de Lacharrière, l’actionnaire de contrôle de Casino, qui est un acteur majeur, participerait à un rééquilibrage. »

L’homme d’affaire tchèque confirme, dans le même entretien, avoir remis une offre corrigée au groupe pendant le week-end. « Marc Ladreit de Lacharrière et moi-même prévoyons toujours d’apporter 900 millions d’euros d’argent frais et les créanciers auront la possibilité de souscrire à de nouvelles actions – dans les mêmes conditions que nous – à hauteur de près de 300 millions d’euros », précise-t-il. L’injection de 1,35 milliard d’euros de fonds propres dont plus de 900 millions d’euros émanant d’eux-mêmes est prévue, à raison de 750 millions pour le milliardaire tchèque et 150 pour le Français.

Ni cession des hypermarchés ni de CDiscount

Le groupe Casino, qui emploie 200 000 salariés dans le monde dont un quart en France, avait annoncé qu’un « accord de principe avec les principaux créanciers sur la restructuration de la dette financière » doit être conclu au plus tard le 27 juillet 2023. La décision sur le repreneur devrait être « prise rapidement », a assuré M. Kretinsky.

Les deux offres concurrentes s’accordaient sur le fait que la reprise de l’activité devrait passer par une baisse des prix en rayons, un gros travail sur l’offre commerciale et le développement de partenariats. Le duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière n’envisage ni cession des hypermarchés ni du commerçant en ligne CDiscount, selon son entourage. « Il est inimaginable de fermer le siège de Saint-Etienne », son berceau historique, a répété M. Kretinsky dans son interview aux Echos.

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En juin, les représentants des salariés avaient lancé un « droit d’alerte économique » pour obtenir davantage d’informations sur la situation financière du groupe tout en étant préoccupés par la cession de 119 magasins Casino à Intermarché. Casino ne doit pas seulement renégocier son écrasant endettement, annoncé à 6,4 milliards d’euros à fin 2022. Il doit aussi lever au moins 900 millions d’euros de fonds propres. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a pris pour la première fois la parole le 11 juillet, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, et indiqué que l’Etat veillerait à « la solidité du projet industriel » et à l’avenir des 50 000 salariés du groupe en France.

Source: Le Monde