Les " vieux " ont-ils encore leur place aux Vieilles Charrues ?

July 17, 2023
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Peut-on encore éprouver du plaisir au Festival des Vieilles Charrues quand on a plus de 50 ans ? La question peut paraître un brin provocante. Et d’ailleurs, quand on la pose, il faut bien s’attendre à essuyer quelques rebuffades. « Qu’est-ce que vous entendez par vieux ? », ripostent d’emblée, un peu choquées, Christine, 53 ans, de Quimper, et Florence, 58 ans, de Carhaix. Sur la plaine de Kerampuilh, ces deux festivalières ne font pas leur âge, il est vrai. D’ailleurs, elles ont 15 ans dans leur tête. L’une porte des jolies couettes, façon Fifi Brindacier, tandis que l’autre revêt une doudoune bleu fluo des plus flashy. « Les Charrues, c’est une bulle d’air », lance Christine. « On vient pour l’ambiance. Les gens de toutes générations se parlent, ça fait un bien fou », abonde Florence. Et si un concert ne leur plaît pas, qu’à cela ne tienne : « On en profite pour aller boire un coup », admet Christine.

Croisé à mi-chemin entre deux scènes, Jean-Paul, 71 ans, admet, quant à lui, se demander parfois ce qu’il fait là : « Ce n’est plus de mon âge ». Même si, du même souffle, ce Carhaisien qui vit en bordure du site, s’empresse d’ajouter : « En fait, la musique m’aide à m’endormir le soir, et je me réveille quand il n’y a plus de bruit, vers 3 h »…

Habituée à arpenter, chaque année, la plaine de Kerampuilh, Nathalie, 53 ans, reconnaît que le festival représente tout de même, les années passant, un défi physique : « Le site est vraiment très grand ; ça représente sur un week-end des kilomètres et des kilomètres de marche ! ». Elle regrette aussi une époque où « on voyait davantage de figures fédératrices, comme Aznavour ou Trénet ».

Christine, 57 ans, de Carhaix, ne dit pas autre chose, elle qui a connu les premières éditions en centre-ville et qui préférait les artistes d’alors. « C’était plus rock avant », insiste-t-elle, reconnaissant aussi « avoir un peu plus de mal à encaisser physiquement » : « Ma maison est pleine en ce moment. J’héberge 25 personnes, mes enfants et leurs amis. J’entends la chasse d’eau toute la nuit », rit-elle.

« Le rap, ça me saoule »

Son amie Frédérique, 49 ans, émet aussi quelques réserves côté affiche. « La techno, le rap, ça me saoule, c’est la musique de mes enfants ! », avoue cette fidèle du festival depuis les années 2000, qui confesse avoir un faible pour le rock. « Je supporte moins la musique forte. J’ai les oreilles qui bourdonnent, je deviens vieille, sans doute ! »

Si elles ne viennent plus qu’un seul jour au festival, Jojo, 80 ans, accompagnée de Vivi, 65 ans, de Rostrenen, ne manqueraient ce rendez-vous annuel pour rien au monde. Pour Jojo, le festival agit comme un philtre de jouvence. « Certaines personnes trouvent ridicule que je vienne aux Charrues à mon âge. C’est dommage, ça me fait tellement de bien ! »

Rester jeune

Source: Le Télégramme