Ces habitants de l'Allier ont installé des panneaux solaires : est-ce rentable et à quel point ? Ils témoignent

July 17, 2023
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5.312 : c’est le nombre d’installations photovoltaïques dans l’Allier au 31 décembre 2022. Preuve du développement de la filière, en mai 2023, elles étaient 5.896 !

Au total, 2.334 foyers dans le département consomment l’électricité qu’ils produisent, grâce à des panneaux solaires et 2.001 revendent le surplus à Ennedis.

Mais quand on a huit ou quinze panneaux, on n’est pas une grosse centrale, l’investissement est-il rentable ? Vingt-six personnes, qui ont répondu à notre appel à témoignages (voir notre édition du 23 juin), nous aident à apporter une réponse. Pour 70 % d’entre eux, ce qui freine le développement de ce type de production, ce n’est pas tant la difficulté à comprendre son fonctionnement ou les critères nécessaires (exposition sud, surface suffisante) que l’investissement financier.

Des prestataires venus d’ailleurs, beaucoup trop chers

Ils sont tombés dans le panneau

Deux personnes, qui affirment avoir été "arnaquées", ont bien voulu témoigner. Elles sont de Creuzier-le-Vieux et de Pierrefitte-sur-Loire. Dans les deux cas, l’interlocuteur n’était pas un prestataire local, la facture était trop élevée donc l’investissement a perdu en rentabilité. Enfin, le délai entre la pose et la mise en production a été long.

Jugez par vous-mêmes : 23.300 € pour neuf panneaux à Creuzier. Installés en juillet 2022, ils ont commencé à produire en mars 2023.

Scenario similaire à Pierrefitte-sur-Loire où l’usager a payé un peu moins cher, 23.000 €, pour quatorze panneaux. Il précise : "L’installateur a surcoté ma capacité de production. Finalement, j’économise 400 à 500 € par an sur ma facture, ça rembourse tout juste mon crédit sur quinze ans. En fait, je ne gagne rien."

Prix d’un panneau : entre 600 et 2.500 €

Le précurseur

Son de cloche tout à fait différent pour Régis Chambonnière, qui habite en Montagne bourbonnaise. Lui se dit très satisfait de son investissement. Il explique : "J’ai fait venir plusieurs entreprises, j’ai choisi au prix et aux compétences. Par ailleurs, j’ai obtenu un prêt bancaire à taux 0."

Régis a investi en 2009 et revend toute sa production : "Mon contrat sur vingt ans est très généreux. Au début, EDF achetait à 0,63 € le kW. Comme c’est indexé sur le prix de vente, EDF achète maintenant à 0,73 € le kW." Dans ce contexte, il a mis seulement six ans à amortir son investissement. Depuis, il se fait "l’équivalent d’un bon 13e mois". Seule charge : son assurance contre une perte de production. Depuis quatorze ans, sa production n’a pas baissé, "elle a même augmenté depuis la pose de Linky qui est un compteur plus précis".

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Le bricoleur

À Vendat, Pierre Dervieux est aussi très satisfait de son investissement : huit panneaux pour 4.300 €. Son foyer consomme la plus grande partie de la production (75 % en hiver, 50 % en été). Il réinjecte le surplus, sans le revendre. Il faut dire qu’il a tout fait lui-même, avec des formalités simplifiées.

"Poser des panneaux et les raccorder n’est pas complexe quand on bricole un peu. J’ai tout fait moi-même. Mais il faut prendre le temps de réfléchir, de se renseigner. Par ailleurs, j’ai la chance d’avoir une dépendance de plain-pied avec un toit à faible pente. Donc il n’y avait pas de danger pour la pose. J’ai acheté les panneaux à une société française qui m’a fourni un certificat de conformité, mais je n’ai pas fait venir de consuel pour revendre à EDF. J’ai eu un panneau défectueux que le fournisseur m’a changé."

En 2022, Pierre a calculé avoir économisé 471 € sur sa facture. Son investissement sera rentabilisé en dix ans. Ensuite, ce ne sera que du bénéfice.

Un autre témoignage confirme que la production d’énergie solaire chez les particuliers n’est intéressante qu’en faisant très attention.

La famille

À Neuilly-le-Réal, Julie Morette a douze panneaux plein sud sur sa maison et trois autres, côté ouest, mis en service en janvier 2022. Son foyer de quatre personnes est très consommateur : climatisation, sèche-linge, plaques de cuisson, pompes à chaleur pour la maison et la piscine… Vu l’inflation, il fallait agir. "Nous avons 1.800 € de dépenses d’électricité par an, explique Julie. En 2022, grâce aux panneaux, nous n’avons payé que 840 €, dont une bonne part d’abonnement. On pourrait être en autosuffisance énergétique si on avait une unité de stockage, mais ça coûte encore trop cher."

Par ailleurs, le foyer de Julie a revendu 5.218 kW à EDF en 2022. Le contrat est moins généreux qu’à l’époque de Régis Chambonnière. Il court sur dix ans au prix de 0,10 € le kW. C’est tout de même un bénéfice d’un peu plus de 500 €.

Au final, sa conso énergétique ne coûte que 200 € par an à cette famille.

Je dirais que cet investissement vaut le coup pour deux raisons : parce que nous avons fait appel à un installateur du village et parce que nous avons payé les quinze panneaux 12.000 € sur notre épargne, sans passer par un crédit.

Julie pourra aussi compter, comme tout le monde pour peu que le conseil soit passé, sur les 1.500 € d’aide d’Enedis, sur quatre ans aux dates anniversaires. "Peu à peu, on pourra récupérer nos économies. Mais la marge de manœuvre est faible. Par ailleurs, je suis ma production et ma consommation sur le portail Enedis et sur le compteur Linky pour optimiser."

Et aussi

Parmi les autres témoignages reçus, beaucoup évoquent ce qui permettrait de développer les productions photovoltaïques des particuliers : "Il est regrettable que les petits revenus dus à la revente des KWH soient taxés." "L’État pourrait appliquer une TVA de 10 % sur l’installation, au lieu des 20 % actuels, ce serait déjà un peu plus abordable", souligne de son côté Philippe Potel.

Stéphanie Ména

Source: La Montagne