" L’hypothermie protège le cerveau " : un adolescent réanimé après une noyade et 45 minutes sous l’eau dans la Loire
Il a été secouru à près de 10 m de profondeur. Un adolescent de 15 ans a été réanimé après avoir passé 45 minutes sous l’eau à la suite d’une noyade samedi à Saint-Victor-sur-Loire (Loire). Ce garçon stéphanois, rapporte Le Progrès, a été secouru par les pompiers de la Loire, avant d’être hospitalisé.
C’est vers 18 heures samedi que les pompiers sont intervenus en bord de Loire où trois adolescents de 15 à 18 ans se baignaient dans une zone surveillée. Selon Le Progrès, deux d’entre eux ne savaient pas nager, dont la victime. Son ami a pu être rapidement secouru, vu par un promeneur qui naviguait sur le fleuve à ce moment. Il a été hospitalisé par précaution, sans que son état n’inspire d’inquiétude.
Alertés, une vingtaine de sapeurs-pompiers de la Loire ont été mobilisés et ont réussi à sortir l’adolescent de l’eau, alors qu’il se trouvait en arrêt cardiorespiratoire, souligne France Bleu Saint-Étienne Loire. S’ils ont réussi à faire repartir son cœur après 45 minutes sous l’eau, le garçon de 15 ans a été transporté en urgence à l’hôpital de Saint-Étienne, à une dizaine de kilomètres.
Un sauvetage facilité par l’hypothermie
Comment un adolescent a-t-il ainsi pu être sauvé après un temps aussi long immergé ? « Deux choses entrent en compte : un mécanisme réflexe du corps qui permet de protéger les voies aériennes, pour éviter que l’eau rentre dans les poumons, et le fait que l’eau soit plus fraîche que l’air », souligne auprès du Parisien Christophe Prudhomme, urgentiste à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France.
Comme l’explique le médecin urgentiste, l’hypothermie protège les cellules de l’organisme. Il cite en exemple des sauvetages effectués dans des eaux particulièrement froides : « On a un nombre non négligeable de cas de survie après des noyades dans des torrents de montagne où l’eau est à 4 ou 5 °C. En l’occurrence, même si l’eau de la Loire était à 20 °C, pour le corps humain, dès qu’on est en dessous de 30 °C, la protection liée à l’hypothermie s’active. »
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La règle pour les urgentistes : poursuivre la réanimation jusqu’à ce que le corps soit revenu au-dessus de 35 °C. Tant que l’organisme n’a pas dépassé cette température, il y a une chance que le cœur reparte.
Les séquelles neurologiques, une inconnue
Cette réanimation ne garantit cependant pas que le jeune homme soit tiré d’affaire, car « le cœur repart beaucoup plus facilement que le cerveau ». Reste à savoir s’il aura des séquelles neurologiques ou non à la suite de cette noyade. « Effectivement, dans un milieu classique, un cerveau sans oxygène pendant 3 à 4 minutes, c’est quasiment impossible à faire repartir, reconnaît Christophe Prudhomme. Mais l’hypothermie protège le cerveau lui aussi. »
L’espoir persiste là encore grâce à l’hypothermie qu’a subie le corps de l’adolescent. « Au niveau neurologique, les patients qui ne présentent que peu ou pas de séquelles, ce sont plutôt ceux secourus dans des eaux froides, dans les torrents de montagne », poursuit le médecin.
Source: Le Parisien