Guerre en Ukraine : après l’annonce de la fin de l’accord céréalier par la Russie, les États-Unis dénoncent "un acte de cruauté"
Paris estime que Moscou devait «cesser son chantage sur la sécurité alimentaire mondiale».
La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a condamné la décision russe de mettre un terme à sa participation à l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, estimant que Moscou devait «cesser son chantage sur la sécurité alimentaire mondiale». «La Russie est seule responsable du blocage de la navigation dans cet espace maritime et impose un blocus illégal aux ports ukrainiens», ajoute Paris.
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De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé lundi 17 juillet que Kiev était disposé à continuer ses exportations de céréales via la mer Noire malgré l'annonce par Moscou de la fin «de facto» de l'accord sur ces livraisons. «Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir (pour les exportations) en mer Noire. Nous n'avons pas peur», a indiqué Volodymyr Zelensky, selon des propos partagés par son porte-parole Serguiï Nykyforov sur Facebook.
«Accès vital» aux céréales
Les États-Unis ont réagi par le biais de son ambassadrice à l'ONU qui dénonce un «acte de cruauté» de Moscou. «La Russie joue à des jeux politiques, et de vrais gens vont souffrir», a déclaré Linda Thomas-Greenfield à la presse, accusant la Russie de «prendre l'humanité en otage». Le chef de la diplomatie américaine a également qualifié lundi d'«inadmissible» la décision russe de ne pas reconduire en l'état l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes et assuré que cette décision allait entraîner une augmentation des prix de l'alimentation. Le choix de Moscou de se servir «de la nourriture comme d'une arme (...) va compliquer l'acheminement d'aliments dans les endroits qui en ont désespérément besoin et entraîner une hausse des prix», a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
«Je regrette profondément la décision de la Fédération de Russie de mettre un terme à l'application de l'Initiative de la mer Noire, y compris le retrait des garanties de sécurité russes pour la navigation dans le nord-ouest de la mer Noire», a également déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU. «Des centaines de millions de personnes font face à la faim et les consommateurs sont confrontés à une crise mondiale du coût de la vie. Ils vont payer le prix», a-t-il insisté, estimant que la décision russe «portera un coup aux personnes dans le besoin partout dans le monde». Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a «fermement» condamné la décision «cynique» de Moscou.
«Je condamne fermement la décision cynique de la Russie de mettre fin à l'initiative céréalière de la mer Noire, malgré les efforts des Nations unies et de la Turquie. L'UE s'efforce de garantir la sécurité alimentaire des populations vulnérables de la planète», a-t-elle tweeté. Londres se dit «très déçu» par l'annonce russe. «Clairement c'est très décevant. Mais nous allons continuer les discussions», a indiqué un porte-parole du premier ministre Rishi Sunak. «Si la Russie ne renouvelle pas l'accord, elle privera des millions de personnes d'un accès vital aux céréales.»
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Rediscuter de ces questions
Par ailleurs, le président turc Recep Tayyip Erdogan soutient que son homologue russe Vladimir Poutine voulait «poursuivre l'accord» sur les céréales ukrainiennes, malgré les dernières annonces de Moscou dans le sens contraire. «Je pense que malgré la déclaration d'aujourd'hui, mon ami Vladimir Poutine veut poursuivre l'accord humanitaire» qui permet l'exportation des céréales d'Ukraine en mer Noire qui expire lundi à minuit.
«Mon ministre des Affaires étrangères doit s'entretenir par téléphone (avec le ministre russe) et je parlerai à Vladimir Poutine dès mon retour», a poursuivi Recep Tayyip Erdogan Erdogan qui s'exprimait devant la presse avant de s'envoler pour l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar. Il a de nouveau annoncé qu'il recevrait le président russe «en août» en Turquie, ajoutant: «Nous aurons l'occasion de rediscuter de toutes ces questions». «Peut-être que, d'ici là, pour faire avancer les choses, nous pouvons prendre des mesures par téléphone avec Vladimir Poutine sans attendre le mois d'août», a espéré le chef de l'État turc.
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Cet accord, signé en juillet 2022 à Istanbul avec la Russie et l'Ukraine, sous l'égide des Nations et de la Turquie, est «de facto terminé», a affirmé lundi le Kremlin. Le porte-parole Dmitri Peskov a cependant ajouté que «dès que la partie (des accords) concernant la Russie sera satisfaite, la Russie reviendra immédiatement à l'accord sur les céréales».
Source: Le Figaro