A Pékin, le président algérien en quête de soutien pour l’adhésion de son pays aux Brics
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, à ALger, en décembre 2019. RYAD KRAMDI / AFP
Après la Russie mi-juin, où il a obtenu le soutien de Moscou à l’adhésion de son pays aux Brics, le président algérien poursuit son offensive diplomatique en Chine, où il a entamé lundi 17 juillet une visite de cinq jours. Abdelmadjid Tebboune compte sur cet appui de taille pour faire accepter sa candidature au club réunissant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud lors du sommet qui se tiendra en août à Johannesbourg.
Cette initiative, qui semble encore loin d’aboutir – des rumeurs, relayées avec assiduité par la presse du rival marocain, font part de l’opposition de l’Inde –, s’inscrit dans la volonté d’imposer sur la scène internationale l’image d’une « Algérie nouvelle ». Candidat à un deuxième mandat, Abdelmadjid Tebboune veut redorer le blason de son pays sur la scène internationale après une éclipse due à l’interminable fin de règne d’Abdelaziz Bouteflika (1999-2019).
D’ores et déjà lancé dans une campagne électorale qui ne dit pas son nom, le président multiplie les voyages – sauf en France, où il a reporté sine die une visite prévue en juin et avec laquelle les relations sont notoirement tendues – et accorde des interviews tous azimuts. Il faut « renforcer le positionnement non aligné » de l’Algérie et se mettre « à l’abri des tiraillements entre deux pôles » (menés l’un par les Etats-Unis, l’autre par la Russie), avait ainsi expliqué le chef de l’Etat en juillet 2022, cinq mois après le début de l’offensive russe en Ukraine. Puis, en novembre, l’Algérie avait fait officiellement une demande d’adhésion aux Brics.
Alger et Pékin n’ont cessé de renforcer leurs relations ces dernières années. Selon les estimations de la China Africa Research Initiative, basée à l’université Johns-Hopkins (Baltimore), la Chine détient désormais 17 % des parts de marché en Algérie, contre 10 % pour la France et 7 % pour l’Italie, et le revenu annuel brut des entreprises chinoises y dépasse les 7,5 milliards de dollars (environ 6,7 milliards d’euros).
Un projet de port en eau profonde
Depuis le début des années 2000, les entreprises chinoises ont largement bénéficié de marchés dans le domaine des infrastructures – des travaux lancés à la faveur d’une hausse considérable des revenus pétroliers de l’Algérie. Elles ont pris en charge l’essentiel de l’autoroute est-ouest (plus de 11 milliards de dollars), dont le coût est devenu l’un des scandales de l’ère Bouteflika, la réalisation de la Grande mosquée d’Alger (1,5 milliard de dollars), du Centre international de conférences d’Alger (500 millions de dollars) et d’importants programmes de construction de logements et de stades.
Abdelmadjid Tebboune veut aujourd’hui relancer à la hausse les investissements chinois, et notamment y inscrire le projet de port en eau profonde d’El Hamdania, à Cherchell. Un lieu qu’Alger aimerait voir faire partie de l’initiative des « nouvelles routes de la soie », à laquelle elle a adhéré en 2018. Dès 2014, l’Algérie avait signé un accord de « partenariat stratégique global » avec la Chine. Une alliance qui a déjà largement porté ses fruits.
Comme à Gara Djebilet, une mine de fer à ciel ouvert située à Tindouf (sud-ouest). Ce gisement devait être le lieu de la réconciliation entre l’ancien roi du Maroc Hassan II et l’ex-président algérien Houari Boumédiène après l’accord de 1973 entre les deux pays. La convention prévoyait la création dans les « meilleurs délais » d’une « société algéro-marocaine pour la mise en valeur de la mine de Gara Djebilet ».
Gelé depuis presque un demi-siècle en raison des tensions entre les deux voisins, le projet a finalement été relancé fin juillet 2022. Sans le Maroc, mais avec la Chine. Le ministre algérien de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab, a annoncé depuis Tindouf les objectifs de production : entre 2 et 3 millions de tonnes de minerai de fer d’ici à 2025, puis de 40 à 50 millions de tonnes à partir de 2026.
Source: Le Monde