TotalEnergies décroche un contrat stratégique de gaz naturel liquéfié
Par Nicolas Rauline
Publié le 1 mai 2023 à 17:39 Mis à jour le 1 mai 2023 à 17:59
TotalEnergies a mis la main sur l'un des rares contrats de gaz naturel liquéfié (GNL) disponibles pour ces trois prochaines années. La guerre en Ukraine et l'arrêt des livraisons de gaz russe en Europe ont rendu le marché mondial du GNL très tendu, alors que les nouvelles capacités de production, américaines et qataries notamment, ne seront pas disponibles avant 2026, au moins. Cet hiver, l'Europe n'a pas hésité à surpayer le GNL sur les marchés internationaux pour sécuriser ses approvisionnements et un rebond de l'activité en Chine pourrait rendre la situation encore plus compliquée lors des prochains hivers.
Dans ce contexte, TotalEnergies est parvenu à un accord de trois ans avec Adnoc (Abu Dhabi National Oil Company), la compagnie nationale émiratie. Le GNL sera livré au groupe pétrolier français jusqu'en 2025 et sa valeur attendue, aux prix actuels, est comprise entre 1 et 1,2 milliard de dollars, même si les volumes contractés n'ont pas été dévoilés. Ce gaz n'alimentera toutefois pas forcément l'Europe, mais sera vendu sur les marchés internationaux.
Une stratégie agressive
« Ces volumes additionnels vont renforcer notre portefeuille mondial de GNL, notre capacité à alimenter les marchés asiatiques en pleine croissance et notre ambition à accompagner nos clients dans leur transition énergétique », a ainsi déclaré Thomas Maurisse, vice-président GNL de TotalEnergies, cité par plusieurs médias du Golfe.
Les Emirats arabes unis, qui disposent des septièmes réserves mondiales de gaz, déploient une stratégie agressive pour se tailler une part du marché du gaz au niveau mondial et concurrencer leur rival qatari. Abu Dhabi investit plusieurs milliards de dollars dans le but de tripler sa production de GNL dans les prochaines années, à 15 millions de tonnes par an.
« Notre nouveau contrat de fourniture de GNL avec TotalEnergies représente une étape supplémentaire dans notre stratégie d'étendre notre présence mondiale et renforce notre position de partenaire de choix pour les leaders mondiaux de l'énergie, a affirmé pour sa part Ahmed Alebri, le PDG d'Adnoc. Cet accord reflète notre engagement à répondre aux besoins de nos clients en leur offrant la sécurité d'approvisionnement, des prix compétitifs et de la flexibilité. »
Levier de croissance
Ce dernier point s'avère crucial. Jusqu'ici, le Qatar rechigne à passer des contrats de court terme et préfère signer avec des clients qui s'engagent pour vingt ou vingt-cinq ans au moins. Or, les pays européens ne souhaitent pas se retrouver pieds et poings liés avec une source d'énergie fossile alors qu'ils ont pour objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Les producteurs américains offrent plus de flexibilité avec des contrats plus courts. Les Emirats arabes unis, qui ont déjà signé en septembre un contrat avec l'Allemagne, pourraient suivre la même voie.
Pour TotalEnergies, le GNL représente un levier de croissance important. L'an dernier, cette activité a généré un résultat opérationnel ajusté de 11,2 milliards de dollars, soit le double de l'année précédente. Et le groupe, persuadé que le gaz est une énergie de transition, est à la tête de 15 % des capacités de regazéification européennes. Des incertitudes persistent enfin sur son projet au Mozambique, arrêté il y a deux ans pour raisons de sécurité. Si la situation s'est améliorée récemment, Patrick Pouyanné a confié que sa reprise était « prématurée », notamment en raison de divergences avec ses sous-traitants sur les coûts de redémarrage.
Source: Les Échos