Les punaises de lit touchent 11 % des ménages français indépendamment du milieu social, selon l’Anses

July 19, 2023
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Des punaises de lit élevées à l’institut hospitalo-universitaire de Marseille par l’entomologiste Jean-Michel Berenger, qui possède plusieurs souches dans un insectarium et conseille particuliers et professionnels. LÉONOR LUMINEAU / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

Elles sont grandes comme un pépin de pomme et se régalent, la nuit, du sang des humains. Les punaises de lit auraient infesté 11 % des ménages français entre 2017 et 2022, selon un sondage Ipsos réalisé en juillet 2022 pour un groupe de travail mis en place par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui livre mercredi 19 juillet un rapport sur l’impact sanitaire mais aussi socio-économique de ces nuisibles.

Ces petits insectes se cachent le plus souvent dans les matelas et les sommiers, et sont transportés dans les vêtements et les bagages. Après leur repas, les femelles fécondées pondent, tout au long de leur vie d’adulte, environ cinq œufs par jour dans un endroit abrité de la lumière. Disparus de la vie quotidienne dans les années 1950, ces insectes ont fait leur grand retour depuis une trentaine d’années dans de nombreux pays développés à la faveur de modes de vie de plus en plus nomades, de consommations favorisant l’achat de seconde main et d’une résistance croissante aux insecticides.

Peur de la stigmatisation

Premier enseignement du rapport de l’Anses : contrairement à une idée reçue, la présence de punaises de lit chez soi ne traduit pas un manque de propreté, et tout le monde peut être victime d’une infestation. « C’est totalement indépendant du milieu social », insiste auprès de l’Agence France-Presse Karine Fiore, directrice adjointe de la direction des sciences sociales, économiques et sociétales à l’Anses. En revanche, le niveau de revenu est un facteur de persistance de l’infestation, car la lutte peut s’avérer très coûteuse : 866 euros en moyenne par foyer, alloués à diverses mesures de lutte, au premier rang desquelles des mesures de nettoyage et des traitements.

Au-delà du coût, les victimes ont parfois peur d’être stigmatisées, ce qui peut les empêcher d’en parler et de mettre en place des actions rapides pour éviter la dispersion des punaises, souligne l’Anses. Pour y remédier, elle plaide pour la mise en place d’un mécanisme de déclaration obligatoire et l’accompagnement des particuliers par une prise en charge financière, a fortiori pour les ménages à faibles ressources.

L’Agence a calculé le coût de la lutte pour les ménages français. Il a atteint 1,4 milliard d’euros pour la période 2017-2022, soit 230 millions d’euros par an en moyenne. Pour les bailleurs sociaux interrogés dans le cadre du rapport, le coût s’élevait en moyenne à 74 500 euros en 2021. Les logements étudiants (Cnous et Crous) ont quant à eux estimé y avoir consacré 700 000 euros la même année.

Conséquences psychologiques

Quant au coût sanitaire, il a représenté 83 millions d’euros pour les Français en 2019, dont 79 millions d’euros associés à une baisse de la qualité de vie, aux troubles du sommeil et aux impacts sur la santé mentale, 1 million d’euro lié aux arrêts de travail et 3 millions d’euros environ au titre des soins physiques. Si les lésions cutanées sont les manifestations les plus fréquentes à la suite des piqûres, l’infestation par les punaises de lit peut en effet entraîner différentes conséquences psychologiques, voire psychiatriques (troubles du sommeil, anxiété, sentiment de panique), souligne le rapport.

« Toute politique visant à faire cesser la prolifération de l’infestation en France, aussi coûteuse soit-elle, doit être jugée à l’aune des bénéfices qui pourront en être retirés à terme », estime l’Anses. L’Agence recommande de privilégier les méthodes non chimiques, comme le traitement par la chaleur sèche ou la congélation, et de faire appel à des professionnels de la désinsectisation en cas de persistance de l’infestation.

Source: Le Monde