Guerre en Ukraine : poussée russe vers Koupiansk, véritable offensive ou simple diversion ?

July 19, 2023
6 views

Moscou a annoncé ce mardi une avancée minime dans le secteur de Lyman-Koupiansk dans l’est du pays. 100.000 soldats et 900 chars russes y seraient concentrés, selon Kiev.

Voici maintenant plus d’un mois que la tant attendue contre-offensive ukrainienne a démarré, sans percée spectaculaire pour l’heure. Ces grandes manœuvres ukrainiennes, dans le Sud et autour de Bakhmout, ont sans doute fait oublier qu’un troisième front, moins actif, était toujours ouvert au Nord-Est du pays, dans la région de Kharkiv. La Russie s’est chargée de le rappeler au monde en début de semaine.

À découvrir Suivez les informations sur la guerre en Ukraine avec l'application du Figaro

Mardi et mercredi, le ministère de la Défense a fait état d’une avancée de plus d'un kilomètre lors d'«opérations offensives» près de Koupiansk, important nœud routier et ferroviaire situé à une centaine de kilomètres à l'est de Kharkiv. La Russie a également revendiqué la capture d'une gare ferroviaire. «Au cours de la journée, l'avancée des unités russes s'est élevée à plus d'un kilomètre en profondeur et jusqu'à deux kilomètres le long du front. Les unités ont capturé la gare de Moltchanovo», a indiqué le ministère dans un communiqué.

Plus de 100.000 soldats russes dans la zone ?

Cette zone, théâtre d’une première contre-offensive fulgurante de Kiev à l’automne dernier, n’a en réalité jamais cessé d’être active. Depuis le mois de janvier, l’armée russe y pousse, sans succès. Mais depuis début juillet, les prémices d’une accélération des troupes de Moscou se font sentir. Dès le 5 du mois, sur Telegram, la vice-ministre ukrainienne de la Défense Hanna Maliar faisait état de manœuvres russes dans la région, mais estimait qu’elles «n’avançaient pas». «De violents combats se poursuivent», écrit-elle régulièrement depuis sur son canal. Le chef des forces terrestres ukrainiennes, le général Oleksandre Syrskyi, avait lui-même précisé mi-juillet que la situation était «difficile» dans le secteur.

À lire aussiSur le front de Donetsk, la 37e brigade d'infanterie harcèle les positions russes : le récit de l’envoyé spécial du Figaro

Sur la webTV Edyni Novyny, le 7 juillet dernier, le colonel Serhiy Cherevaty, porte-parole du groupe des forces orientales ukrainiennes, a dressé le tableau des forces russes en présence, sans que l’on sache réellement si Moscou a récemment accru la masse de ses troupes dans ce secteur. «L’occupant russe a concentré plus de 100.000 soldats dans la zone Lyman-Koupiansk», avait-il déclaré. «En outre, l’ennemi a rassemblé plus de 900 chars, plus de 550 systèmes d’artillerie et 370 systèmes de lance-roquettes multiples». Le porte-parole avait également indiqué que ce secteur comptait parmi les plus bombardés du pays ces dernières semaines.

Il semble improbable que la Russie ait décidé de mener une offensive d’ampleur sur Kharkiv, deuxième plus grande ville ukrainienne et jamais conquise par Moscou. En revanche, elle pourrait vouloir profiter de l’activité de l’Ukraine dans le Sud et l’Est pour accélérer et viser Koupiansk, puis Lyman, afin de menacer Kramatorsk et protéger Bakhmout.

Eloigner les troupes ukrainiennes de Bakhmout ?

Plus simplement, il peut également s’agir d’une simple diversion. C’est d’ailleurs l’option privilégiée par Hanna Maliar, la vice-ministre ukrainienne de la Défense. Pour elle, l’objectif principal des Russes est de «forcer l’Ukraine à transférer des réserves dans la région, pour dégarnir le front de Bakhmout». «Dès que nous prenons l’initiative opérationnelle et que nous commençons à avancer, l’ennemi s’active immédiatement dans d’autres directions pour nous distraire», juge-t-elle sur Telegram.

À lire aussiGuerre en Ukraine: Washington donne son feu vert à la livraison d'avions F-16

C’est ce qui pourrait être en train de se produire actuellement, selon la vice-ministre : «Les Russes paniquent face à notre avancée en direction de Bakhmout. Parce que cette avance, bien que progressive, est quotidienne». Mardi 18 juillet, la responsable politique a néanmoins estimé que cette offensive russe dans la région de Kharkiv était «actuellement infructueuse», malgré les gains revendiqués par Moscou. «Les combats se poursuivent, mais l’initiative est déjà de notre côté».

Source: Le Figaro