Les États-Unis peuvent-ils relancer l’économie chinoise?
Les hauts responsables américains sont de retour à Pékin. Après Janet Yellen et Anthony Blinken, John Kerry achève ce 19 juillet une visite axée sur le climat. Au moment où son économie patine, la Chine rouvre le dialogue avec les États-Unis. Faut-il y voir un lien de cause à effet ?
L'envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat John Kerry et son homologue chinois Xie Zhenhua à Pékin, le 17 juillet 2023.
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C’est la thèse défendue par le correspondant à Pékin du New York Times. C’est aussi le vœu exprimé par les industriels chinois. Pour faire repartir la machine, ils attendent le coup de pouce de l’État pour relancer les commandes et espèrent autant la reprise des achats américains. Le commerce demeure l’un des moteurs de l’économie chinoise.
Le marché intérieur censé prendre le relais des exportations tarde à délivrer ses promesses tandis que les gros clients de la Chine, Europe et États-Unis confondus, ont revu à la baisse leurs importations en provenance de l’empire du Milieu : le mois dernier, les exportations chinoises ont chuté de 12 %.
La couronne de premier fournisseur des États-Unis en péril
Une couronne détenue depuis douze ans qui lui a été soufflée en début d’année par le Mexique, suivi du Canada. D’après les derniers chiffres du commerce américain, c'est-à-dire ceux des quatre premiers mois de cette année, la Chine n’est plus aujourd’hui que le troisième fournisseur des États-Unis derrière ces deux pays.
Une tendance qui devrait se confirmer dans les prochains mois : les Américains favorisent désormais la production de proximité, c’est le grand mouvement de « reshoring », de relocalisation à l’œuvre depuis le confinement de l’atelier du monde.
Des relations commerciales relancées ?
La visite de Janet Yellen à Pékin la semaine dernière a été perçue comme positive par les deux pays. On a même beaucoup jasé sur les salutations inclinées à répétition de la secrétaire du Trésor des États-Unis devant un haut dignitaire chinois. Elle n’était pas venue à Pékin pour se prosterner devant l'administration chinoise, elle avait tout simplement consommé des champignons hallucinogènes dans un restaurant pékinois. La presse en a fait des gorges chaudes mais le retour au réel est brutal.
La guerre technologique déclenchée par les États-Unis est toujours à l'ordre du jour. Pékin, en mesure de rétorsion, a décidé de suspendre les exportations de minerais indispensables à la fabrication des semi-conducteurs, ce qui évidemment déplaît à Washington. Dans le domaine commercial, Janet Yellen estime qu'il est prématuré d'envisager la levée des barrières douanières. Pour les industriels chinois, la seule alternative pour récupérer les commandes américaines consiste à passer par un pays tiers, en Asie du Sud-Est, ce qu'ils ont commencé à faire depuis plusieurs mois.
Une coopération sur le climat favorable au rebond de l'économie chinoise ?
La Chine est aujourd'hui de loin le premier pollueur de la planète : elle s'est dotée en 2022 d'une centaine de centrales à charbon et n'est pas pressée d'y renoncer comme le souhaite John Kerry, surtout au moment où la reprise de l’économie se fait désirer. Pékin n'a d'ailleurs pas l'intention de réduire ses émissions avant 2030.
Car le climat est aussi l'un des champs de bataille de la guerre commerciale qui oppose la Chine aux États-Unis. Le Congrès américain a voté au printemps le retour des droits de douane sur les panneaux solaires chinois, taxes que Joe Biden avait suspendu pour assurer l'approvisionnement américain. Malgré la vague de chaleur qui s'abat aujourd'hui sur la Chine comme sur les États-Unis – et qui dépasse les clivages selon John Kerry – ce contexte est plutôt refroidissant et peu propice aux concessions. La Chine ne se fera pas dicter son chemin par d'autres pays, a rappelé Xi Jinping dans un discours tenu hier à la télévision chinoise.
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Source: RFI