Failles de la sécurité lors de l’attentat de Nice : le parquet demande une requalification en " homicides involontaires "

July 19, 2023
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Promenade des Anglais, à Nice, le 15 juillet 2016, après qu’un camion ait foncé dans la foule assistant au feu d’artifice du 14-Juillet. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

« Homicides et blessures involontaires » et plus seulement « mise en danger de la vie d’autrui » : six ans après le début de l’instruction, le parquet s’est déclaré favorable à une requalification des faits dans l’enquête sur le dispositif de sécurité en place lors de l’attentat de Nice, qui avait fait 86 morts en 2016, alors que la ville fêtait le 14-Juillet sur la promenade des Anglais.

Dans un réquisitoire supplétif rendu le 5 juillet, que Le Monde a pu consulter, le procureur de Nice, Xavier Bonhomme, pointe des « imprudences et des négligences » le soir de l’attentat dans la sécurisation de la fameuse avenue longeant le bord de mer, face à la baie des Anges. C’est pour cela que le magistrat a exigé une requalification plus sévère des faits.

Indépendante de l’enquête sur le volet terroriste, une information judiciaire avait été ouverte concernant la sécurisation par les autorités municipales et préfectorales de la « Prom’Party » le soir de l’attaque. Dans cette enquête, Christian Estrosi, qui était adjoint chargé de la sécurité au moment des faits, et Philippe Pradal, alors maire de Nice, avaient été placés sous le statut de témoins assistés, tout comme l’ancien préfet des Alpes-Maritimes, Adolphe Colrat, et son directeur de cabinet François-Xavier Lauch.

Après six ans d’instruction compliqués, l’enquête sur les failles du dispositif de sécurité semblait au point mort, provoquant parfois d’âpres rumeurs à Nice quant à une éventuelle « protection » de la mairie par la justice. La semaine dernière, à l’occasion du septième anniversaire de l’attentat, plusieurs associations locales de victimes avaient fait part de leur « réelle inquiétude ». Jeudi, les avocats des parties civiles ont loué la décision du procureur. « C’est un réel espoir pour les victimes, assure Olivia Chalus-Pénochet, qui en représente plusieurs. Cela veut dire que ça y est, on prête attention au dossier. »

Deux nœuds de l’enquête

Le réquisitoire rédigé par le procureur de Nice – Xavier Bonhomme quitte son poste à Nice pour devenir procureur général près la cour d’appel de Nîmes en septembre –, semble se concentrer, entre autres, sur deux nœuds de l’enquête. Le premier concerne le nombre d’agents réellement présents sur le terrain ce soir-là. Selon un rapport de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), soixante-quatre policiers nationaux étaient mobilisés sur la « Prom’ ». Le procureur dresse ainsi une liste d’une soixantaine d’agents à entendre pour vérifier la présence des effectifs prévus sur le terrain.

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Source: Le Monde