Qui est Andrei Troshev, l’homme que Vladimir Poutine souhaitait placer à la tête de Wagner ?

July 19, 2023
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PORTRAIT - Andrei Troshev, dit «Sedoï» pour «cheveux gris», a activement participé aux actions du groupe paramilitaire en Syrie, au côté du régime de Bachar al-Assad.

Voilà un homme qui aurait pu prendre une place importante. Le président Vladimir Poutine a proposé aux combattants de Wagner qu’un certain Andrei Troshev prenne la direction du groupe paramilitaire, dans un entretien accordé au média russe Kommersant le 13 juillet. Dans cette interview notamment consacrée à la rébellion avortée de Wagner survenue en juin, le chef de l’État russe affirme même qu’Andrei Troshev était le «véritable commandant» de Wagner, ajoutant que ni Evgueni Prigojine - le chef de la milice - ni les soldats «n’étaient d’accord avec cette décision». Une photo qui daterait de 2016 montre par ailleurs Andrei Troshev au côté de Vladimir Poutine.

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Andrei Nikolaïevitch Troshev de son nom complet est né à Leningrad - désormais Saint-Pétersbourg - en 1953, d'après un document des autorités européennes datant de fin 2021 relatives aux sanctions prises dans le cadre du conflit syrien. Celui-ci est alors présenté comme un «colonel à la retraite» et «membre fondateur du groupe Wagner». Ce document évoque également son nom de guerre : «Siedoy», ou «Sedoï», ce qui signifie «cheveux gris». Selon l’Union européenne (UE), Dmitri Outkine - un ancien officier des renseignements militaires russes (GRU) et l’un des fondateurs de Wagner - fait partie de ses proches associés.

Impliqué en Syrie

Si le Conseil européen s’était à l'époque penché sur son cas, c’est en raison de la présence d’Andrei Troshev en Syrie. «Il était particulièrement impliqué dans la région de Deir ez-Zor. À ce titre, il apporte une contribution cruciale à l'effort de guerre de Bachar al-Assad», détaille le Conseil européen, Wagner ayant été un soutien du régime syrien. Il a par ailleurs reçu le titre de «Héros de la fédération de Russie» pour la prise de Palmyre (Syrie) contre des combattants de l’État islamique.

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En Syrie, Andrei Troshev n’en était pas à son coup d’essai. Il combat pour le compte de l’URSS lors de l'invasion soviétique en Afghanistan (1979-1989), service pour lequel il a été décoré à deux reprises de l'Ordre de l'étoile rouge, une importante décoration de l’armée rouge. Par la suite, «Sedoï» participe à la guerre en Tchétchénie avant de prendre le commandement d’une unité de forces d’interventions spéciales russes, le SOBR.

En 2017, le média local Fontanka fait état d’une hospitalisation à Saint-Pétersbourg alors qu’il aurait été retrouvé ivre dans les rues de cette ville. À ce moment-là, il aurait détenu 5 millions de roubles (environ 50.000 euros) et 5000 dollars en espèce.

Un «exécutant»

Alors pourquoi Vladimir Poutine souhaitait-il le placer à la tête de Wagner ? Selon le média américain Newsweek s’appuyant sur des boucles Telegram du groupe paramilitaire, Andrei Troshev aurait été écarté de Wagner pour avoir informé le Kremlin de la rébellion à venir. D’après l’ONG gulagu.net , Andrei Troshev aurait même refusé de soutenir une telle mutinerie.

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Dans un entretien accordé au média russe NSM , l’ancien ministre de la Défense de la république populaire de Donetsk Igor Guirkine a affirmé connaître «personnellement» Andrei Troshev. «Il a une expérience de combat assez large, pas bête, très exécutif, sans talents particuliers, mais aussi sans revendications particulières», a-t-il décrit, le qualifiant d’«exécutant». Igor Guirkine confirme par ailleurs que «Sedoï» a bien été «au moins le chef d'état-major de toutes les unités Wagner» par le passé.

Vendredi 23 juin, la milice Wagner - menée par son leader Evgueni Prigojine - a entrepris une rébellion contre le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou et le chef d'état-major Valéri Guérassimov. Après des négociations, la «marche de la justice» sur Moscou prend fin dès le lendemain et Evgueni Prigojine avait été contraint à l’exil en Biélorussie avant de revenir en Russie. Désormais, Wagner ne participe plus activement aux combats en Ukraine selon les États-Unis, tandis que la Biélorussie a annoncé vendredi 14 juillet que le groupe paramilitaire avait commencé à travailler comme «instructeurs» sur son territoire.

Source: Le Figaro