L’ex-président du Pérou Alejandro Toledo a été extradé des Etats-Unis et incarcéré à Lima

April 24, 2023
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L’ancien président péruvien Alejandro Toledo, extradé des Etats-Unis, à son arrivée à l’aéroport de Lima, dimanche 23 avril 2023. AP

Alejandro Toledo, qui fut président (centriste) du Pérou de 2001 à 2006, est arrivé au petit matin à l’aéroport de Lima, dimanche 23 avril, après avoir été extradé par les Etats-Unis où il s’était enfui il y a six ans. L’ex-chef d’Etat, âgé de 77 ans, a été filmé par les télévisions péruviennes le dos courbé, la tête baissée et fermement escorté par des agents de police et des représentants nord-américains. Un blouson noir cachait ses mains menottées.

Cette extradition met un terme à une procédure de six années. Alejandro Toledo était l’une des personnes les plus recherchées par la justice péruvienne, accusé de blanchiment d’argent, de trafic d’influence et de collusion, délits pour lesquels il risque jusqu’à vingt ans de prison. En 2017, les autorités du Pérou avaient offert une récompense de 100 000 soles (environ 24 000 euros) pour toute information sur sa localisation. Il avait été finalement arrêté aux Etats-Unis en 2019 et envoyé un an en prison, avant d’être assigné à résidence pour raisons de santé, lors de la pandémie de Covid-19. La procédure d’extradition avait ensuite été retardée par les nombreux recours de ses avocats.

Alejandro Toledo est accusé d’avoir perçu jusqu’à 35 millions de dollars (32 millions d’euros) de pots-de-vin par le constructeur brésilien Odebrecht, en échange de l’octroi d’un marché public. Le géant du BTP est au cœur d’un vaste scandale de corruption en Amérique du Sud, pour lequel deux autres anciens présidents péruviens sont également poursuivis : Ollanta Humala (2011-2016) et Pedro Pablo Kuczynski (2016-2018). Un autre, Alan Garcia (1985-1990 et 2006-2011), s’est suicidé le jour de son arrestation, en avril 2019.

Alejandro Toledo a rejoint la prison de Barbadillo, à l’est de Lima, où deux autres anciens présidents péruviens sont incarcérés : Alberto Fujimori (1990-2000) qui purge une peine de vingt-cinq ans d’emprisonnement pour crimes contre l’humanité et corruption, et Pedro Castillo (2021-2022) en détention provisoire pour le chef de « rébellion », après son coup d’Etat manqué du 7 décembre 2022.

« Preuves solides »

Dimanche, quelques sympathisants d’Alejandro Toledo s’étaient réunis aux abords du centre de police où il était interrogé, au nord de Lima. Sur les pancartes brandies, on pouvait lire : « on exige la justice » pour celui que ses partisans considèrent comme la victime d’une persécution judiciaire. Son frère, Pedro Toledo, a affirmé que l’ex-président était atteint d’un cancer – raison pour laquelle l’avocat de la défense a demandé son assignation à résidence – et clame son innocence. Alejandro Toledo a toujours nié les délits qui lui sont imputés.

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Source: Le Monde