Les enquêtes sur les agissements des forces de l’ordre pendant les émeutes se multiplient

July 20, 2023
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Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avant son audition par la commission des lois de l’Assemblée nationale, à Paris, le 19 juillet 2023. EMMANUEL DUNAND / AFP

Au moins un mort, deux blessés graves dont un dans le coma depuis trois semaines, des policiers placés en garde à vue et soupçonnés d’avoir passé à tabac un jeune homme de 21 ans. Trois semaines après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel M., 17 ans, tué par le tir d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, la marée de l’actualité reflue, laissant émerger faits graves et accusations de violences policières.

Le ministre de l’intérieur n’a pas échappé aux questions à ce sujet des députés de la commission des lois de l’Assemblée nationale, mercredi 19 juillet, indiquant à plusieurs reprises se « tenir informé » de l’état des blessés, tout en soulignant les mérites des forces de l’ordre. « Ils ont démontré qu’ils étaient des héros du quotidien et de la République », a déclaré Gérald Darmanin, égrenant le bilan de près d’une semaine d’émeutes du 27 juin au 1er juillet. En substance, près de trois cents mairies, brigades de gendarmerie, bureaux de police municipale et casernes de gendarmerie attaqués, des « milliers de commerces dégradés ou détruits » et quelque « 345 interpellations après les émeutes », sans compter plus de 3 000 réalisées au cours des affrontements.

Tout au long des émeutes, M. Darmanin avait multiplié les consignes de modération et de discernement à l’endroit des forces de l’ordre tout en réclamant « fermeté » et « interpellations » de fauteurs de troubles. L’enjeu était considérable pour le locataire de la Place Beauvau : selon ses propres mots, ne pas « surinfecter » une situation déjà passablement tendue.

Dans le coma depuis trois semaines

Mais comment interpréter ce « en même temps » sécuritaire dans un contexte particulièrement dégradé, en plein chaos, alors que pillages et affrontements avec les forces de l’ordre se multipliaient sur tout le territoire, entraînant un engagement sans précédent de 45 000 policiers et gendarmes pendant plusieurs nuits ? Selon Sacha Houlié, président de la commission des lois, cette démonstration de force aurait permis « le rétablissement de l’ordre en un temps record ». Mais le récit officiel d’émeutes finalement jugulées sans débordements excessifs grâce à une mobilisation inédite et le recours à des unités d’élite, plus familières de la lutte antiterroriste ou de la neutralisation de forcenés que des violences urbaines, se trouve aujourd’hui percuté par plusieurs enquêtes pour violences impliquant des policiers.

« Il y a à ma connaissance moins de quinze enquêtes [sur les agissements des forces de l’ordre] ouvertes après les émeutes », a assuré le ministre de l’intérieur face aux députés mercredi. Le 12 juillet, la directrice de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), Agnès Thibault-Lecuivre, ancienne conseillère justice du ministre, avançait pourtant devant la même commission le chiffre de vingt et une enquêtes ouvertes auprès de son seul service pour des faits « de nature et de gravité très différente » après les violences qui ont suivi la mort de Nahel M.

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Source: Le Monde