Nanaba, une startup niçoise dans la tourmente
Tout avait commencé sur les chapeaux de roues pour Nanaba, la startup niçoise créée en janvier 2021 par Anne-Laure Monier et Olivier Guérin, avec la promesse d’une appli destinée à transformer les écrans des enfants en source d’apprentissage et en temps de révisions scolaires. Décembre 2022, la petite boîte remporte le prix de la startup de l’année du Groupe Nice-Matin. Un mois après, ils ont les honneurs de l’émission "Qui veut être mon associé" sur M6. Une success story sous le soleil...
Quatre nouvelles entreprises créées
Aujourd’hui? Nanaba se fait lyncher sur les réseaux sociaux et notamment sur la page Instagram "Balance Ta Startup", par des salariés - anonymes - qui ne sont plus payés depuis le mois de février et qui en ont gros sur le cœur. Les fondateurs de la startup, Anne-Laure Monier et Olivier Guérin, viennent, de leur côté, de monter quatre nouvelles boîtes depuis le mois de mai dernier: à Montpellier, Courbevoie, Lyon et Bordeaux. Et ont transféré leur holding, SFG Invest, de Paris à Wakefield en Grande Bretagne. Ce qui alimente les craintes des salariés. Ils étaient une vingtaine à travailler dans les locaux niçois situés au Grand Arenas. Beaucoup d’alternants et quelques CDI.
Plus de mutuelle, serrures changées...
"Nous n’avons plus rien touché depuis 5 mois", jure Lauriane (1) une "alternante". "Au départ, ils nous ont demandé d’attendre, parce qu’ils faisaient une levée de fonds. On les a crus. Et puis, on n’a plus eu d’explications. On n’était toujours pas payés. Une dizaine de personnes les a mis en demeure via un avocat", poursuit Jules, un salarié. "Ils ont été odieux. Nous ont coupé nos adresses email. Ils ont changé les serrures et ne nous répondent plus, on ne peut pas aller chercher nos affaires", peste Lauriane. "Nous ne sommes plus couverts par la mutuelle, ils n’ont pas payé. Comme ils n’ont pas payé des tas de prestataires", souffle-t-elle encore. Les prestataires, mais aussi des professeurs qui rédigeaient les quiz scolaires sont sur le carreau. Michel qui enseigne dans un collège, est l’un d’entre eux: "Cela fait des mois et des mois que j’essaie d’être payé, maintenant ils ne me répondent même plus. C’est scandaleux".
"Ça n’a jamais fonctionné"
Certains utilisateurs sont également vent debout: "ça n’a jamais fonctionné, je paie pour rien et leur service après-vente ne fait rien", gronde une maire de famille qui s’était abonnée pour son petit garçon. Un témoignage parmi tant d’autres.
"Trois ou quatre d’entre nous ont signé une rupture conventionnelle. Mais pour d’autres c’est hors de question, ils doivent déposer le bilan, mais ils refusent toujours", lâche, furax, Lauriane. La jeune femme est très inquiète. "Ils sont en train d’organiser leur insolvabilité, ils laissent des jeunes dans de grosses difficultés", soupire Jules. Corentin, pris à la gorge, a fait le choix, lui, de la rupture conventionnelle. À contrecœur: il a perdu "presque 10.000 euros dans l’affaire". "Ils ont tout misé sur la com avant de miser sur leur produit qui ne fonctionne pas. Si on avait 300 ou 400 abonnements, c’est le bout du monde. Donc, forcément les levées de fonds ne peuvent plus aboutir et ils vont dire que c’est de notre faute", dit-il, désabusé.
"On va certainement déposer plainte dans la semaine", conclut Lauriane.
1. Tous les prénoms ont été modifiés à la demande des salariés et des alternants.
Source: Nice matin