Arnaque au cashback : la SNCF va devoir rendre des comptes
La SNCF a longtemps autorisé une offre de cashbak payante aux airs d'arnaque sur son site officiel. Elle va devoir rendre des comptes.
© SNCF
Depuis déjà plusieurs semaines, les achats de billets de train pour partir en vacances se multiplient. Le site de la SNCF – de même que son application SNCF Connect – croule sous les commandes… et les arnaques se multiplient. Cette fois pourtant, la démarche est plutôt inédite, puisqu’elle semble avoir été approuvée par l’entreprise de transport ferroviaire elle-même.
Une pratique légale… mais floue
Après avoir passé une commande en ligne, les internautes se retrouvent désormais confrontés à un encart un peu particulier. Via un système de cashback, l’entreprise Webloyalty propose en effet de rembourser partiellement le prix des billets, dans le cadre d’un programme baptisé “Remises et réductions“. L’offre est alléchante, et nombreux sont les usagers à tomber dans le panneau, en cliquant sur le bouton “Continuer”.
A la fin de votre commande, vous voyez un joli bouton qui vous propose un remboursement ! Vous vous dites alors "Super, je vais profiter de ce remboursement"…
Ce que vous ignorez peut-être, c'est que ce bouton est une pub pour un service PAYANT complètement distinct de la SNCF. pic.twitter.com/uJGD0UCjU9 — Signal-Arnaques (@SignalArnaques) July 13, 2023
En acceptant de recevoir un cashback après sa commande, l’utilisateur souscrit en fait à un abonnement mensuel de 18€ par mois, qui lui permet théoriquement d’être régulièrement remboursé de ses achats SNCF sous forme de cashback. Problème, les conditions générales sont écrites en petits caractères, le détail du programme flou, et bon nombre d’usagers passent à côté de cette info. Ils se retrouvent alors abonnés contre leur gré, sans comprendre d’où proviennent les prélèvements automatiques sur leur compte bancaire.
La SNCF va devoir agir, et vite
Cette pratique, plusieurs fois pointée du doigt sur les réseaux sociaux, est pourtant parfaitement légale, assurait le gouvernement il y a quelques mois. Reste qu’après les invectives du député Renaissance Philippe Latombe, les pouvoirs publics vont finalement prendre leurs responsabilités. L’homme politique qui appelait dès la fin de l’année 2022 le gouvernement à agir, assure avoir obtenu des engagements concrets.
Après entretien avec @CBeaune ce jour une demande officielle pour "debrancher" webloyalty de @SNCFConnect sera portée par le ministère dans les prochains jours. Je suivrai pas à pas l'évolution du dossier quitte à légiférer dès septembre en cas de surdité persistante @GroupeSNCF pic.twitter.com/Osn6VGt8Dm — Philippe Latombe (@platombe) July 18, 2023
Dans un tweet publié ce 18 juillet, Philippe Latombe explique avoir obtenu un engagement du ministre des Transports Clément Beaune. Dès septembre, l’exécutif devrait faire pression sur le site de la SNCF pour faire interdire l’offre de Webloyalty. Des échanges devraient être organisés avec la société de transport sous peu, afin de clarifier la situation.
Pourquoi c’est problématique ?
Webloyalty n’a jamais fait l’objet d’une condamnation en France, mais la DGCCRF a déjà comparé ces offres de cashback payantes à des “pratiques commerciales trompeuses“. Un avis que partage la justice italienne, qui a condamné l’entreprise à 800 000 euros d’amende en 2014.
Au-delà du sujet des cashbacks, qui restent pour le moment légaux en France, le principal reproche fait à Webloyalty reste son arrivée sur un service commercial comme la SNCF. Aux yeux des internautes, la plateforme est une institution publique. Consommateurs et consommatrices sont donc moins susceptibles de se méfier lorsqu’une offre leur est proposée via le site officiel.
Source: Journal du geek