La colère monte en Thaïlande à la suite de la disqualification de " Pita "

July 20, 2023
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« Pita » Limjaroenrat, le chef du parti Move Forward et vainqueur des élections générales de mai, lève la main alors qu’il quitte le Parlement à Bangkok, en Thaïlande, le mercredi 19 juillet 2023. SAKCHAI LALIT / AP

La Thaïlande est entrée mercredi 19 juillet dans une nouvelle phase du bras de fer qui oppose la coalition progressiste issue des élections du 14 mai aux forces conservatrices du royaume : celles-ci ont écarté de manière définitive le candidat au poste de premier ministre Pita Limjaroenrat, qui a dû quitter le Parlement en fin de séance, sans qu’un second vote puisse s’y tenir (le premier avait eu lieu le 13 juillet). La rue pourrait prendre la relève, faisant resurgir le spectre des confrontations qu’a connues à maintes reprises le « pays du sourire » dans le passé, lorsque l’armée y fut déployée pour mettre fin à des manifestations, dont trois ont conduit à des bains de sang, en 1976, en 1992 et en 2010.

Une marée orange de partisans du Move Forward, le parti de « Pita », comme l’appellent les Thaïlandais, s’est formée au centre de Bangkok, mercredi en fin de journée, autour du monument de la Démocratie, les trois doigts levés en signe de protestation, symbole adopté lors des rassemblements contre le coup d’Etat militaire de 2014. La sculpture, qui rend hommage à la première Constitution du pays, rédigée après la révolution de 1932 et le renversement de la monarchie absolue au profit d’une monarchie constitutionnelle, avait été ceinte d’une banderole blanche sur laquelle on lisait, en thaï et en anglais : « Pita est le consensus du peuple ». Sur les réseaux sociaux, Arnon Nampa, la figure de la contestation antimonarchique, a appelé à « former un gouvernement avec Pita comme premier ministre en dehors des institutions », si les blocages persistaient.

Avant de se disperser en fin de soirée, les manifestants ont mis le feu à un cercueil blanc, symbole des « funérailles » virtuelles des 250 sénateurs nommés par l’ex-junte militaire et dont la participation est indispensable, aux côtés de celle des 500 députés nouvellement élus, pour désigner le premier ministre. Ils ont en effet de nouveau joué leur rôle de verrou au service des généraux, en rejetant, mercredi, une motion de l’Assemblée pour soumettre au vote du Congrès la candidature de « Pita ».

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Ce dernier avait été disqualifié en pleine séance parlementaire par la Cour constitutionnelle thaïlandaise, qui a rendu sa décision sur l’affaire de la non-déclaration par « Pita », lors des élections législatives précédentes, en 2019, de participations dans une chaîne télévisée, iTV, n’émettant plus depuis 2007. « Je crois fermement que la Thaïlande a subi une profonde transformation et qu’elle ne reviendra jamais à ce qu’elle était avant le 14 mai. Le peuple a déjà remporté une victoire à mi-parcours, l’autre moitié reste à accomplir », a déclaré M. Limjaroenrat avant de déposer son badge de député sur le pupitre et de sortir de l’hémicycle, le poing levé, sous les applaudissements des députés de sa coalition. Il a exhorté ses collègues parlementaires à « continuer d’utiliser le Parlement comme une plate-forme pour répondre aux besoins des citoyens ».

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Source: Le Monde