Turquie : les Vingt-Sept s’interrogent sur une relance des discussions avec Ankara

July 20, 2023
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L’Union européenne (UE) doit-elle tendre la main à la Turquie ou patienter encore, afin de restaurer et améliorer ses relations diplomatiques avec Ankara ? Cette question sera au cœur des débats entre ministres des affaires étrangères, jeudi 20 juillet, à Bruxelles. Un mois et demi après sa réélection à la présidence du pays, Recep Tayyip Erdogan a multiplié les signaux vis-à-vis de l’Europe, à sa manière.

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Le 10 juillet, le chef d’Etat turc a lancé, à la surprise générale, « un appel aux pays qui laissent la Turquie à la porte de l’UE depuis plus de cinquante ans. Ouvrez d’abord la voie à la Turquie dans l’UE et alors nous ouvrirons la voie pour la Suède, comme nous l’avons fait pour la Finlande ». A sa façon provocatrice et en liant le processus à la candidature suédoise à l’OTAN, il rappelait que la Turquie, qui a tourné le dos à l’Europe depuis une décennie, était prête à renouer le fil avec l’UE.

Lors du sommet de l’OTAN des 11 et 12 juillet, à Vilnius, la capitale lituanienne, l’homme fort d’Ankara a multiplié les entretiens bilatéraux, notamment avec Charles Michel, le président du Conseil européen, ou encore Emmanuel Macron, le président français, et le premier ministre grec récemment réélu, Kyriakos Mitsotakis. « Il existe une dynamique dans la région. Des élections ont eu lieu en Turquie, en Grèce et à Chypre. C’est donc le bon moment pour avancer », expliquait-on dans l’entourage de Charles Michel après la rencontre avec le chef d’Etat turc.

« Le dialogue reprend »

Si les vingt-sept dirigeants de l’UE attendent un rapport de la Commission et du service diplomatique européen sur la relation à la Turquie d’ici à octobre, cette déclaration d’Erdogan a permis de reprendre le dialogue. « Le contexte est favorable, glisse un diplomate à Bruxelles, car il a besoin de nous, notamment pour relancer son économie. »

« Depuis lors, Josep Borrell, le haut représentant, a rencontré son homologue turc, Hakan Fidan, lors du G20 en Indonésie. Le dialogue reprend », indique-t-on à Bruxelles. « La question de l’intégration de la Turquie à l’UE n’est aujourd’hui clairement dans l’esprit de personne », rappelle cependant un diplomate européen. Mardi 18 juillet, la commission des affaires étrangères du Parlement européen estimait dans un rapport qu’« à moins qu’il n’y ait un changement de cap radical de la part du gouvernement turc, le processus d’adhésion à l’UE de la Turquie ne peut pas reprendre dans les circonstances actuelles ».

En revanche, de nombreux autres sujets, bloqués depuis 2015, peuvent être discutés, comme la révision de l’accord d’union douanière entre l’UE et la Turquie, pour l’élargir aux services, la question de la migration ou la libéralisation des visas. Mais faut-il s’engager sur ces sujets et faire des propositions ? La prudence prévaut encore. « Pas grand-chose n’a changé dans leur comportement ces dernières semaines », relève un diplomate du nord de l’Europe. « Pour évoluer, il va falloir que la Turquie montre patte blanche sur de nombreux dossiers, notamment en matière de droits de l’homme », relève un autre de la même région. « Il faut que l’on se mette d’accord à Vingt-Sept sur nos objectifs et ce que l’on souhaite offrir à la Turquie, explique un troisième. C’est un premier débat entre nous et nous verrons où cela mène. »

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Source: Le Monde